Sagesse chrétienne
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· Merci pour la carte et le document que je lirai dès que possible. En guise de résumé sur la question leibnizienne des miracles et ma tentation spinoziste (extrait du site de Denis Collin): " Leibniz s’inscrit dans la tradition où raison naturelle et foi se complètent et s’épaulent mutuellement. Mais il en donne une interprétation telle qu’elle est immédiatement menacée. En effet, dans l’affirmation que tous les phénomènes de la nature peuvent être expliqués à partir de lois régulières et « dans le même ordre que la main [divine] les avait tracés », il n’y a plus de place pour les miracles qui jouent un rôle si fondamental dans la consolidation de la foi : ce sont les miracles accomplis par Jésus qui témoignent de sa nature divine. Ce sont les miracles des saints (accomplis par eux ou dont ils sont les objets) qui attestent de la présence du Saint Esprit.  Or le rationalisme, détruit les miracles. Ainsi Spinoza, polémiquant contre « les Théologiens et Métaphysiciens ». 


· Si on trouve une explication naturelle au phénomène miraculeux, Spinoza a raison, car un miracle ne trouve sa cause que dans la volonté directe de Dieu, qui n'a pas de cause et est une chose qui échappe à toute science même théologique. Lorsque la science arrivera à montrer comment un œil sans rétine peut voir (ce qui a été le cas pour un miracle de Lourdes) ou comment une jambe coupée peut repousser (fameux miracle de ND del Pilar de Saragosse, en Espagne attesté par les autorités de l'époque), alors ce ne sera plus de la science car naturellement parlant cela est impossible.

  Le mot miracle désigne une chose inexplicable par la science. Il faut donc trouver un autre mot pour "expliquer naturellement" un phénomène surprenant, car le miracle en plus d'être étonnant ne peut pas s'expliquer, sinon ce n'est pas un miracle. Transformer en un instant et sur ordre oral 600 litres d'eau en vin ou 5 pains en plus de 5000 par de simples paroles sont des choses sur lesquelles la science n'a pas de prise. Le mieux est de faire comme les protestants libéraux ou les modernistes du 19è et de dire que cela n'est pas possible et donc que Jésus n'a jamais opéré de tels signes. Mais si Jésus est Dieu et que par sa parole le monde est créé ex nihilo, s'il est le maître de cette nature qui sort de sa volonté et qu'il conserve dans l'être à tout instant, pourquoi ne pourrait-il pas la restaurer ou en accélérer le cours ou la modifier? Rien ne peut entraver sa volonté sauf le principe de contradiction. Tout ce qui va dans le sens de l'Etre, du Bien, du Beau va dans le sens de la nature divine: ressusciter un mort, guérir un malade, multiplier de la nourriture pour nourrir des affamés, faire voir les aveugles, calmer la tempête, tous les miracles du Christ vont dans le sens des attributs divins et de la non-contradiction. Dieu a le droit de déroger momentanément à des lois qu'il a lui-même mises en place ; en tant que source et initiateur de l'ordre naturel, il a le droit d'en modifier le cours, surtout si c'est pour le plus grand bien de cette même nature qui lui appartient. Il faut que je relise la position de Leibniz car je ne suis pas sûr de bien comprendre. Celle de Spinoza n'est pas soutenable de mon point de vue, sinon je ne serais plus catholique.  Il faut que je réponde aussi à ton autre mail. Le thème du miracle est passionnant et très battu en brèche, pas étonnant que la foi baisse dans notre pays, car ne pas croire au miracle évacue du coup la résurrection du Christ, ce qui, comme le dit St Paul a pour conséquence que la foi chrétienne s'effondre. Car si Jésus n'est pas ressuscité, nous sommes les plus malheureux des hommes nous autres chrétiens et notre foi est vaine.

  · Sur le fait que ça me dérange et que je te traite d'intégriste, pas de risque. Si on a le temps d'échanger des réflexions par mail, ce sera un prérequis absolu: être honnête intellectuellement et ne pas hésiter à argumenter de quelque façon que ce soit sans avoir peur. Les personnes qui te traitent d'intégriste sont des benêts puisque, contrairement à tous les autres catholiques que j'ai pu rencontrer, tu ne te contentes pas d'affirmer mais tu argumentes (à ce propos, tu as fait mouche en effet à propos de la résurrection du Christ). En deux mots, enfin, concernant les miracles: si je me sens proche de Spinoza, c'est que les gens me font peur. Des miracles du Christ on passe très rapidement (puisque les églises se vident) à des croyances totalement ineptes. Dernier exemple: une mère d'élèves m'a sorti un livre sur le paranormal qu'elle m'a présenté comme sa Bible. Ben oui, tu sais "philo-psycho-surnaturel-fantômes-extraterrestre-Dieu", tout ça c'est pareil.   

  De là à réserver la philo et la théologie à une élite, il n'y a qu'un pas que je franchis volontiers. Mais je n'en dis pas plus pour réagir point par point sur ce que tu as écrit. 

·  J'espère que mes positions doctrinales sur les miracles ne te froissent pas trop. On m'a parfois traité de "doctrinaire" ou "l'intégriste" alors que je ne fais que répéter la position officielle de l'Eglise, de son Magistère et de ses Pères.  

Ce que tu disais dans ton mail précédant est compréhensible: "Des miracles du Christ, on passe très rapidement (puisque les églises se vident) à des croyances totalement ineptes. Dernier exemple: une mère d'élève m'a sorti un livre sur le paranormal qu'elle m'a présenté comme sa Bible". Et oui, tu sais "philo-psycho-surnaturel-fantômes-extraterrestre-Dieu", tout ça c'est pareil." C'est justement l'erreur que je te rapportais à propos du Frère qui mélangeait magie et miracle, et qui du coup, portait mal son nom, car loin d'être un "ami de Dieu", il démolit son œuvre. Car les miracles de Jésus avaient, entre autres, la finalité de prouver la divinité du Christ et d'affermir en cela la foi des témoins de ces signes surnaturels. Le problème réside dans la déformation du mot "surnaturel" qui au lieu d'être le domaine réservé du Dieu créateur et maître de la "nature", est devenu dans beaucoup d'esprit ce monde occulte des phénomènes qui dépassent le champ normal de l'humain. Bref, on a glissé de la cause divine vers les causes secondaires des anges déchus et des gens qui font appel à leurs pouvoirs. La religion surnaturelle est devenue superstition? Dans les deux mots on retrouve le préfixe latin "super", car "sur" veut dire la même chose, sauf que ce n'est pas la même réalité que l'on désigne. Il y a en effet des forces qui dépassent l'homme mais qui ne sont pas de ce fait des actes divins. On oublie que la révélation nous apprend l'existence de créatures intermédiaires, des "intellects séparés", appelés plus simplement des anges, dont une partie luttent contre leur créateur et peuvent agir sur le monde physique, selon l'autorisation de manœuvre que leur accorde Dieu. Tous ces domaines sont mélangés, c'est pour cela qu'il nous faut défaire cet écheveau par une réflexion rigoureuse et solide.  

Pour ce qui est de la foi ne t'inquiète pas. Tu es plus près du but que beaucoup de catholiques qui ignorent ce qu'ils adorent. Ce dont je souffre ce sont les gens agressifs qui sûrs de leur droite pensée (c'est à dire de gauche ou libertaire) ne supportent pas qu'on puisse avoir des certitudes qu'ils pensent démodées. Difficile d'expliquer que tout n'est pas soumis à l'évolution progressiste (c'est à dire que tout ce qui est ancien n'est pas forcément mauvais et réciproquement et que certaines choses sont immuables).  Je déplore aussi mon peu de foi (car j'ai peur pour telle ou telle chose bien que je sache au fond de moi que Dieu veille, et j'essaye de faire des actes de foi) notre foi est toujours insuffisante (et nous devons demander qu'elle augmente) mais de cœur tu es quelqu'un qui cherche la vérité et qui au moins n'empêche pas les autres de le faire.  

J'ai bien aimé ton épisode avec le Frère et les miracles. En bonne théologie dogmatique la Résurrection est le miracle par excellence (car déjà un retour à la vie comme pour Lazare est classé parmi les grands miracles, mais ici il s'agit de quelque chose de beaucoup plus rare et d'élevé, car le corps humain passe à un autre mode bien plus sublime, il est glorifié et irradié par la lumière divine: lumineux, impassible, subtil, incorruptible,...) le pauvre Frère! On se demande où il a fait son catéchisme. Cette sorte de catholicisme est indécrottable, c'est pour cela que je garde espoir pour toi, car tu ne t'es pas encore figé dans l'erreur puisque ta pensée est toujours en mouvement. Tant que nous sommes dans le temps, on peut monter (donc plus difficile) ou descendre (plus facile d'aller dans le sens de la pente). Dans le cas du frère persuadé que le miracle n'existe pas (dans la lignée des modernistes issue du protestantisme allemand, des Renan, des Loisy, de nos jours des Jacques Duquesne) car comme le dit ce dernier "Dieu n'est pas un magicien", c'est vraiment confondre les ordres et le sens des mots.   

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