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· Moi aussi j'ai pensé à toi il n'y a pas bien longtemps en lisant un article sur la question de la transsubstantiation chez Descartes et ce pourquoi il s'est attiré les foudres des théologiens. Très intéressant et il va falloir aussi que je relise tes écrits sur Descartes pour voir en quel sens les deux points de vue peuvent s'accorder ou pas.   


· Nous parlions justement, en guise d'apéritif, de la transsubstantiation à notre dernière réunion, à cause d'un article que j'avais lu à propos de la secte des Raëliens (dont le gourou, ancien chanteur et journaliste sportif, affirme être le fruit d'une union d'un extraterrestre avec sa mère), qui a fait des études scientifiques sur une hostie consacrée (ce sont donc des profanateurs) pour prouver que la transsubstantiation n'existait pas puisque les constituants physiques du pain n'avaient pas été modifiés après la consécration eucharistique. Ils auraient lu saint Thomas, ils auraient su sans se fatiguer que "les accidents" du pain demeurent (donc les molécules physiques restent les mêmes), seule la "substance" change, et celle-ci, seul le regard de la foi de l'intelligence peut le voir.  

Où as-tu lu la position de Descartes sur le sujet? Peux-tu me faire passer ce texte s'il te plaît, si toutefois tu l'as conservé? J'imagine que la destruction de la notion de "substance" opérée par celui-ci au profit de l'étendue a dû poser quelques problèmes à cette théorie chère à saint Thomas. Mais selon l'opinion commune, Bérenger de Tours, bien avant lui avait déjà mis en cause la notion de présence réelle eucharistique après un raisonnement dialectique un peu étroit (bien que cette thèse ne soit pas partagée par tous, ainsi que nous l'apprend le cardinal H. de Lubac dans son Corpus  Mysticum, p.163-164. Bérenger ne serait pas un pur symboliste et ce qu'il appelle " l'impanation" n'est pas ce qu'elle deviendra avec Luther par exemple, mais plutôt un mot signifiant "l'espèce" du pain qui demeure après la consécration eucharistique, telle que formulée par le concile de Trente).
(...)
J'ai lu le texte sur la transsubstantiation, et je suis d'accord avec toi pour dire qu'il n'est pas simple, et que je vais devoir aussi le relire. Ce qui est sûr pour moi, c'est que Descartes peut difficilement défendre cette thèse avec une philosophie basée uniquement sur une science mathématico-physique n'appréhendant plus que l'étendue et la quantité, et plus du tout la qualité. Comme la présence du Christ dans l'hostie n'est pas une présence locale calculable mais une présence de substance (notion qui n'existe plus pour Descartes pour avoir confondu la matière et la forme comme deux choses existantes à part, telles des substances concrètes) et donc de qualité. D’après mes lectures récentes, tout ceci ne l’a pas empêché de penser que son explication était plus solide même que celle des Scolastiques. Il ne recule devant aucun obstacle. Les sens ne perçoivent que les petites particules de matière de la superficie qui ne changent pas pendant la conversion du pain en corps du christ (les accidents de saint Thomas), alors que la substance, cachée en dessous, elle, se transforme. Comment expliquer en outre que l’étendue, substance des corps, s’introduise dans l’hostie ? Cela se fait par la théorie de l’union de l’âme et du corps de l’homme. Le corps demeure bien que sa quantité augmente ou diminue avec le temps ou la nutrition : les aliments deviennent des parties de notre corps, imperceptibles au regard mais toujours là, pain et vin comme avant. La transsubstantiation ici naturelle, devient « surnaturelle parce que l’information ou l’assimilation se fait par les paroles sacramentelles. L’âme du Sauveur en se joignant au pain et au vin en fait un vrai corps », selon les profondes analyses de H. Gouhier.  

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