Sagesse chrétienne
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Au moment où nous entrons dans le carême, nous viennent à l'esprit des paroles frequemment entendues dans des sermons concernant le jeûne et l'abstinence. Un prêtre plutôt large d'idées vous donnera une définition du jeûne très large elle aussi. Ainsi, il n'est pas rare d'entendre le jour du mercredi des cendres, ou le vendredi saint, soit les deux jours de jeûne obligatoire de l'année, pour tout catholique qui ne l'est pas seulement de nom, que le jeûne ce n'est pas seulement, ou pas nécessairement, ou pas du tout la privation de nourriture, mais toute sorte de privation, de télévision, de téléphone portable, de cigarette, etc. Bref tout petit sacrifice ordinaire entre dans ce que demande l'Eglise dans le precepte du jeûne et de l'abstinence. 


 Si ces prêtres se permettent d'enseigner une définition très élastique du jeûne, c'est parce qu'eux-mêmes ne savent peut-être pas ce qu'il est pour l'Eglise. Ce n'est pas forcément de leur faute car vous ne trouverez aucune précision sur le sujet en consultant votre CEC ou même le Droit Canonique de 1984. Si vous n'avez pas dans votre bibliothèque un Précis de théologie morale datant d'avant le Concile, vous risquez de ne pas avoir un sens précis du jeûne. Dans un tel manuel dédié à la formation du clergé, pour, comme le titre l'indique, donner des descriptions précises des choses à croire et à mettre en pratique, il n'est pas dit que le jeûne du mercredi des cendres consiste à ne prendre qu'un seul repas complet et l'abstinence est la privation de toute viande. Le frère Paul-Adrien, de mémoire, a rappelé cette vérité dans une de ses vidéos. Par contre il n'a peut-être pas été justement assez précis, faute peut-être de posséder un bon Précis de théologie morale , car il parlait d'un seul repas mais sans préciser "complet". Cela veut dire qu'on peut avoir une plus légère collation le matin et le soir en plus de ce repas complet sans viande avec des légères variances selon l'ordinaire du lieu et les coutûmes de certaines contrées. 

 Mais si nos prêtres ont un doute et ne possèdent pas d'ouvrage de référence suffisamment solide, ils peuvent toujours avoir recours au bon sens, au sens ordinaire, - nous ne dirons pas le "sens commun" car en philosophie thomiste ce la signifie autre chose - et regarder dans un bon dictionnaire ce qu'est le jeûne: c'est "la privation volontaire de toute nourriture ou la privation forcée d'aliments". On voit que le sens ordinaire est beaucoup plus sévère que celui de la discipline de l'Eglise, mais l'important est que l'objet du jeûne est bien exlusivement la nourriture.  Nous laissons de côté le sens figuré, "toute espèce d'abstention ou de privation", qui n'est que figuré, donc autre, qui n'a rien à voir avec le carême et qui précisément est celui que choisissent des prêtres plus laxistes au point de s'écarter du sens concret et essentiel.     

Ce sont les mêmes prêtres qui vous diront dans un autre sermon que la chasteté ne concerne pas d'abord ou nécessairement la sexualité mais à un sens plus large. Or, si nos prêtres ont un doute, qu'ils aient à nouveau recours à la méthode de la langue ordinaire, et ils verront dans le dictionnaire que la chasteté est "la vertu qui consiste à s'abstenir de tout plaisir charnel jugé illicite et de toute pensée impure", et que cette vertu s'oppose à la luxure qui toujours selon un bon dictionnaire est "le péché de la chair, (la) recherche, (la) pratique des plaisirs sexuels". Inutile de tourner autour du pot ou d'aller chercher ailleurs pour savoir de quoi l'on parle. Et si vraiment on veut creuser la question, il faut lire un Précis de théologie morale et non imaginer selon ses propres penchants et faiblesses ce que peuvent être le jeûne et la chasteté.  On retrouve dans tous les cas cette même tendance à s'écarter d'un sens précis et étroit et donc plus contraignant pour l'élargir afin d'arriver à une pratique moins stricte, plus facile, qui va moins coûter et rendre la pénitence plus douce et acceptable. Ne pas regarder une émission idiote est une privation plus facile que de ne pas manger à notre faim. Pourquoi? Parce que la nourriture est plus essentielle à notre être qu'un spectacle qui souvent ne va satisfaire que notre vaine curiosité. 

 Comment se fait-il que c'est justement le jeûne de nourriture et le jeûne de sexualité qui sont les privations les plus relativisées? Parce que ce sont les deux dont parlent saint Thomas d'Aquin quand il étudie la vertu de tempérance dont le but est de dominer les plaisirs sensibles: "Et comme une délectation est l'accompagnement d'une opération naturelle , certaines délectations sont d'autant plus véhémentes que sont plus naturelles les opérations qu'elles accompagnent. Or, chez les animaux, les opérations les plus naturelles de toutes sont celles par lesquelles les individus se conservent dans l'existence à l'aide de la nourriture et de la boisson, et celles par lesquelles ils conservent l'espèce grâce à l'union du mâle et de la femelle . C'est donc avant tout sur les délectations de la nourriture, de la boisson, et sur celles qui dépendent des sexes, que devra porter la tempérance ..." (S.T. II-II, 141, 4)  Pour conclure on peut dire que certains prêtres confondent le jeûne avec les sacrifices ordinaires que doivent faire les fidèles pour se sanctifier et résister aux sollicitations mauvaises de la concupiscence et du péché. C'est la fameuse invitation qu'un prêtre sérieux se doit de faire quand il confesse un pénitent: tout ce que vous supporterez de pénible, tout ce que vous offrirez en petits ou gros sacrifices quotidiens servira à satisfaire vos peines temporelles. Car il faut réparer les dégâts commis contre nous-même, contre le prochain et contre Dieu. Ces vérités ne sont plus bonnes à dire et font hurler les prêtres progressistes, mais cela reste l'enseignement traditionnelle et constant de l'Eglise.

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