Sagesse chrétienne
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La conversion n'attend pas car contrairement à ce que dit la chanson "Heaven can wait", le ciel n'attend pas. La vidéo du P. Guy Pagès "le salut dans la mort" nous a fait forte impression et nous a rappelé notre propre cheminement, lorsque âgé de vingt ans, nous discutions des fins dernières avec un vieil et sage ermite, et que les écailles sont comme tombées de nos yeux, un voile aveuglant s'est levé, la lumière divine venait comme mettre en lumière un coin reculé et obscure de l'âme et mettre en évidence des choses que nous connaissions pourtant confusément, mais qui n'avaient pas eu d'impact réel sur notre intelligence et sur notre volonté. Une question urgente se posait alors: si la mort venait aujourd'hui, serions-nous en état de grâce et prêt à comparaître devant le juste juge? Le Père Guy Pagès a raison de rappeler l'urgence de la conversion et de critiquer le Père Daniel-Ange, qui en se voulant réconfortant, doux, plein de bonté et de miséricorde ne fait qu'augmenter le risque pour les âmes de se perdre définitivement et ce, sans retour possible. 

Car comme le disait le même Père Pagès dans une vidéo dont nous avons déjà parlée et intitulée de mémoire "le salut facile d'Arnaud Dumouch", le salut se décide avant la mort et non après. M. Dumouch fait le jeu, sans peut-être le savoir, de "certains Protestants libéraux et certains Modernistes qui prétendent que les infidèles et les pécheurs seront évangélisés après leur mort et auront la faculté de se convertir". (La Doctrine Catholique, n°113) Il fait dire à Benoît XVI ce qu'il n'a pas dit, à savoir qu'après la mort, puisqu'elle est devenue un passage et non plus comme dans la doctrine scolastique d'un saint Thomas, un instant, il existe désormais un laps de temps plus ou moins long où les âmes défuntes peuvent réfléchir, regretter, s'amender, voire satisfaire pour enfin prendre la bonne décision et opter pour le ciel ou au moins le purgatoire. On arrive ainsi devant Dieu prêt à être jugé dans un sens favorable.
 M.Dumouch s'appuye aussi sur les dires de Marthe Robin pour rassurer tout le monde et surtout les jeunes. D'après elle la plupart des jeunes vivant loin de Dieu ont une bonne fin. Il faut croire que le fait d'être jeune est une circonstance atténuante suffisante pour ne pas imputer les fautes à leurs auteurs. 
Les Saintes Ecritures évoquent généralement cette période de la vie comme un moment difficile et propice au péché, sous entendu principalement le péché de luxure mais également éventuellement aussi les beuveries et autres plaisirs sensuels, car c'est à cet âge-là que la vigueur des sens bat son plein et que le corps s'éveille à des appétences nouvelles qui le sollicite avec force, ou qu'on est un peu écervelé, insouciant de l'avenir car sans grandes responsabilités, entretenus par ses parents, soucieux de vivre intensément le moment présent et les multiples jouissances à portée des yeux et des mains.
 Quand Job dit "Toi qui rédiges contre moi d'amères sentences et m'imputes mes fautes de jeunesse", il ne semble pas penser que Dieu ferme les yeux et excuse les folies de la jeunesse. Car après tout, à vingt ans, l'expérience est encore courte mais on a tout de même l'âge de raison. On est capable de répondre de ses actes. Et comme le rappelle le livre de la Sagesse, l'intelligence, une vie honorable, une vie sans tache, ne sont pas réservées à "un âge avancé", ni à ceux qui ont les cheveux blancs. La sagesse "ne se mesure pas au nombre des années". L'âge pour Job n'est pas un critère de discernement, c'est la bonne volonté de chacun : Dieu "les éclaire sur leurs actes, sur les fautes d'orgueil qu'ils ont commises. A leurs oreilles il fait entendre un avertissement, leur ordonne de se détourner du mal". Job parlent après de ceux qui "meurent en pleine jeunesse", non pour leur trouver des circonstances atténuantes, mais pour faire la différence entre ceux qui "écoutent et se montrent dociles" et dont les "jours s'achèvent dans le bonheur et leurs années dans les délices et ceux "qui gardent leur colère et ne crient pas à l'aide quand (Dieu) les enchaîne, meurent en pleine jeunesse et leur vie est méprisée".     
Les jeunes sont finalement plus vulnérables et en danger que les enfants ou les personnes âgées. Ils ont plus besoin d'aide. C'est pourquoi le psalmiste demande à Dieu d'oublier les égarements de sa jeunesse (Ps25), il sait que c'est une période délicate. Plutôt que de chercher des excuses à leur conduite, la charité consiste à les avertir et les encourager à vivre honnêtement, en faisant ce qui est bien aux yeux de Dieu et en fuyant le mal, surtout à une époque où ils sont encore plus sollicités que les générations précédentes.   
  Le jugement différé, la possibilité de se convertir après la mort, le salut facile des jeunes, la miséricorde infinie de Dieu incompatible avec la damnation éternelle, ne relèvent pas de l'enseignement constant de l'Eglise.     
Nous avons déjà cité dans un autre exposé les paroles d'Alphonse de Ligori, le moraliste auquel les laxistes font appel pour justifier toute sorte d'actes irréguliers, et brandir la miséricorde divine pour éviter d'avoir à se convertir. Ce qu'il dit vraiment est que "le Seigneur use de miséricorde envers ceux qui craignent de l’offenser, mais non pas envers ceux qui comptent sur sa miséricorde pour l’offenser davantage"et il ajoute que "l’espoir du pardon perd beaucoup plus d’âmes que la crainte du jugement" quand le démon pour perdre l'homme, "excite dans son cœur une confiance excessive en la divine miséricorde".     
Plutôt que de mettre toute sa confiance dans des révélations privées parfois contestées, mieux vaut s'appuyer sur la doctrine traditionnelle et éprouvée de l'Eglise. Pour ce qui concerne le jugement particulier de chacun, l'Eglise a toujours enseigné qu'il avait "lieu aussitôt après la mort".  
Citons le Catéchisme du Concile de Trente: "Pour bien mettre en lumière cette vérité, les Pasteurs auront soin de distinguer deux temps différents où chacun de nous doit nécessairement comparaître devant Dieu, pour rendre compte de toutes ses pensées, de toutes ses actions, de toutes ses paroles, et pour entendre, séance tenante, la sentence de son Juge.  Le premier arrive au moment où nous venons de quitter la vie. A cet instant-là même, chacun paraît devant le tribunal de Dieu, et là il subit un examen rigoureux sur tout ce qu'il a fait, tout ce qu'il a dit, tout ce qu'il a pensé pendant sa vie. C'est ce qu'on appelle le Jugement particulier. (Catéchisme du Concile de Trente, n° 802).  
Le Catéchisme de l'Eglise Catholique plus récent ne dit pas autre chose: "Le Nouveau Testament parle du jugement principalement dans la perspective de la rencontre finale avec le Christ dans son second avènement, mais il affirme aussi à plusieurs reprises la rétribution immédiate après la mort de chacun en fonction de ses oeuvres et de sa foi. La parabole du pauvre Lazare et la parole du Christ en Croix au bon larron, ainsi que d'autres textes du Nouveau Testament parlent d'une destinée ultime de l'âme qui peut être différente pour les unes et pour les autres.  Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification, soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du ciel , soit pour se damner immédiatement pour toujours".     
Un jugement suppose un examen des actes antérieurs de celui qui comparaît pour être jugé. Ces actes sont nécessairement ceux de la vie terrestre. "L'homme ne peut mériter que sur terre, alors qu'il est dans ce qu'on appelle l'état d'épreuve; après la mort, "l'arbre reste où il est tombé" (Eccl., 11,3). Même au purgatoire, les actes ne comptent plus. On ne peut mériter pour son salut et pour celui des autres qu'ici-bas. Les défunts "sont incapables de satisfaire par eux-même, leurs peines ne peuvent être abrégées que par l'intercession des Saints du ciel et des fidèles de la terre." (La doctrine catholique, n°154).  La rétribution se fait sur les actes bons et mauvais. Puisque Dieu ne veut pas nous sauver sans notre coopération, les actes qui nous méritent la gloire du ciel et même le degré de gloire au ciel ainsi qu'une augmentation de grâce sanctifiante sur terre pour mieux agir encore, ne peuvent se faire qu'en état de grâce, c'est-à-dire si nous sommes unis au Christ: "Pour porter des fruits, il faut que le rameau soit uni au cep. Or, nous ne pouvons être unis à Dieu qu'autant que nous sommes en état de grâce" (ibid, n°324).  
Si nous ne sommes pas en état de grâce, c'est que nous sommes coupés de Dieu et de la grâce par un péché dit mortel, justement parce qu'il nous sépare de la vie éternelle. "La première conséquence du péché mortel, c'est de donner la mort à l'âme au point de vue surnaturel, - d'où son nom de péché mortel, - en lui faisant perdre la grâce sanctifiante et, de ce fait, le droit au ciel et les mérites acquis jusqu'à-là: autant de choses qui ne peuvent être rendues au pécheur que s'il se repent et se réconcilie avec Dieu. Cette privation de grâce est ce qu'on appelle la souillure du péché qui nous sépare de Dieu et nous fait tomber sous l'esclavage du démon". Nous parlons de jugement, donc de tribunal et de juge. "Dieu ne serait pas un sage législateur s'il n'attachait à ses lois une sanction proportionnée à la faute. Cette sanction, c'est la peine éternelle de l'Enfer, si le pécheur persévère dans son état de faute et s'il ne vient pas à résipiscence" (ibid, 262). 

Voilà les grandes lignes de la doctrine catholique qu'on n'aime plus trop entendre et répéter.  Si on veut être catholique, si on croit à la révélation de Dieu transmise par l'Eglise qu'il a fondé, il faut pourtant prendre toutes ces choses au sérieux. Ce ne sont pas des inventions des hommes, des fables, des mythes moralistes. C'est l'enseignement constant que l'Eglise a puisé dans les paroles mêmes de son Maître. 
L'homme qui ne pense pas au moment de sa mort, qui peut arriver à n'importe quel moment de la vie, enfance, jeunesse, âge adulte, vieillesse est traité de fou par le Christ: " je dirai à mon âme: Mon âme, tu as quantité de biens en réserve pour de nombreuses années; repose-toi, mange, bois, fais la fête. Mais Dieu lui dit: Insensé, cette nuit même, on va te redemander ton âme" (Luc, 12, 19-21).  
Les vierges de la parabole, par définition sont des jeunes filles, et malgré leur jeune âge certaines sont sages et d'autres folles: "Finalement les autres vierges arrivèrent aussi et dirent: Seigneur, Seigneur, ouvre-nous! Mais il répondit: En vérité je vous le dis, je ne vous connais pas! Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure". (Matt.25, 11-13). 
Pourquoi Jésus qualifie d'heureux les serviteurs qui veillent, parce que "si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur devait venir, il n'aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts, car c'est à l'heure que vous ne pensez pas que le Fils de l'homme va venir." (Luc, 12, 37-40) L'heure à laquelle on ne pense pas est celle de la jeunesse car on a moins de chance de mourir jeune que vieux. 
 Le Christ n'invite pas au laxisme et à la confiance excessive, au contraire il nous dit :"Luttez pour entrer par la porte étroite, car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne pourront pas" et encore "Dès que le maître de maison se sera levé et aura fermé la porte, et que, restés dehors, vous vous serez mis à frapper à la porte en disant: Seigneur, ouvre-nous, il vous répondra: Je ne sais d'où vous êtes. Alors vous vous mettrez à dire: Nous avons mangé et bu devant toi, tu as enseigné sur nos places. Mais il vous répondra: Je ne sais d'où vous êtes; éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l'injustice". ( Luc 13, 24-27).  
Comme nul ne connaît l'heure de son jugement particulier et que celui-ci se fera sur le critère de la charité selon saint Jean de la Croix, charité qui est l'amour de Dieu et de ses commandements, il y a urgence à se convertir dès qu'on atteint l'âge de raison. La charité ne consiste pas à dire: dormez tranquillement bonnes gens, continuez à vivre comme si vous ne deviez pas rendre des comptes pour tous vos actes, au moment même de votre mort, dont vous ignorez l'heure exacte. C'est ce qu'on appelle jouer à la roulette russe. Comme le dit saint Bernard, il ne faut pas attendre la confession de dernière minute, et encore combien de catholiques vont-ils encore se confesser? "De fait dans toute l'Ecriture tu ne trouves qu'un seul cas où un homme est sauvé par sa confession de dernière heure – et encore cette heure est-elle celle de la Passion du Seigneur; en outre, on aurait pas trouvé alors une si grande foi dans l'ensemble d'Israël". (Sermon 75)

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