Sagesse chrétienne
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Nous voulons revenir plus en détail sur un point dont nous avons parlé lors de notre précédente leçon d’arbitrage du débat qui a opposé le Père Guy Pagès à Arnaud Dumouche concernant deux point majeurs à savoir la récente déclaration du pape François selon qui Dieu a voulu positivement la pluralité des religions sur terre et par conséquence la question du salut des infidèles et plus précisément des musulmans. 

 Nous avons vu que le position de M.Dumouche ne vient pas de la tradition catholique mais du modernisme quand il pense que la conversion peut se faire après la mort, au moment même du jugement particulier ou autrement dit personnel, lorsqu’un tout et chacun comparaîtra devant le juste juge Jésus Christ, Dieu fait homme pour nous sauver mais aussi pour nous juger sans attendre la fin des temps et le jugement général.  Nous avons dit que le Père Pagès qui se rapproche plus de l’enseignement traditionnel de l’Église est trop abrupte dans son jugement puisqu’il envoie en enfer tout musulman qui meurt musulman sans s’être converti au christianisme, ou tout non chrétien en général.  
Cela n’est pas sans raison car en tant que chrétien et catholique on se doit de croire que Jésus est la seule porte du salut, il est la Voie, le chemin, la vie et la vérité, car il est le Verbe de Dieu qui a assumé la condition de l’humanité pour s’offrir en sacrifice sur la croix en vue de la racheter du péché et de la mort. La résurrection, la vie éternelle ne vient que de lui. On ne sera avec Dieu que si on est avec lui car Dieu est en lui et il est en Dieu, il est de la même substance que Dieu, il est Dieu en tant qu’il est la pensée de Dieu engendré éternellement.     

Ainsi Pie IX blamait-il dans son encyclique Quanto conficiamur moerore en 1863 « la très grave erreur dans laquelle malheureusement se trouvent certains catholiques qui pensent que des hommes vivant dans l'erreur et loin de la vraie foi et de l'unité catholique peuvent parvenir à la vie éternelle. Or cela est contraire au plus haut point à la doctrine catholique ». Cela semble donner raison au P.Pagès. D’autant plus qu’un paragraphe suivant évoque le fameux « hors de l’Église point de salut » : « Mais nous connaissons parfaitement aussi le dogme catholique, à savoir qu'en dehors de l'Eglise catholique personne ne peut être sauvé, et que ceux qui sont rebelles à l'autorité de cette même Eglise et à ses définitions, et qui sont opiniâtrement séparés de l'unité de cette Eglise et du pontife romain, le successeur de Pierre, à qui a été confié le gouvernement et la garde de la vigne, ne peuvent pas obtenir le salut éternel. »   
  Pie IX dit « mais  aussi» car entre ces deux paragraphes il a nuancé ses propos en faisant allusion à la notion d’ignorance invincible, point sur lequel nous voulons revenir pour affiner notre argumentation. Le souverain pontife précise donc : « Nous savons, ainsi que vous, que ceux qui souffrent d'une ignorance invincible concernant notre très sainte religion, en observant avec soin la loi naturelle et ses préceptes, gravés par Dieu dans le coeur de tous, et qui sont disposés à obéir à Dieu et mènent ainsi une vie honnête et droite, peuvent, avec l'aide de la lumière et de la grâce divines, acquérir la vie éternelle ; car Dieu, qui voit parfaitement, scrute et connaît les esprits, les âmes, les pensées et les qualités de tous, dans sa très grande bonté et sa patience, ne permet pas que quelqu'un soit puni des supplices éternels sans être coupable de quelque faute volontaire. »     
Dans le catholicisme, Dieu ne prédestine pas en enfer ou au paradis avant tout mérite ou démérite personnel. Seuls les coupables de fautes volontaires sont punis et justement l’ignorance invincible en supprimant la liberté enlève toute responsabilité contrairement à ce que pensait par exemple le jansénisme que le saint office en 1690 résumait dans l’erreur suivante : « Même s'il y avait ignorance invincible du droit naturel, dans l'état de nature déchue elle n'excuse pas du péché formel (matériel) celui qui agit en vertu d'elle »    
 Il est donc primordial de comprendre la notion d’ignorance invincible. Pie IX parle de grave erreur à éviter et justement l’ignorance invincible est liée à l’erreur car même si elle en est distincte en théorie, elle revient à la même chose en pratique. En effet l’ignorance est une absence de savoir, un manque de connaissance, alors que l’erreur consiste à croire vraie ou chose fausse ou inversement. Dans la pratique ignorer une chose vraie revient à se tromper sur une chose vraie. La théologie morale catholique enseigne que les idées fausses dans les questions religieuses et morales ne se distinguent pas de l’erreur. On va poser un acte avec la conscience erronée dans les deux cas de figure. C’est pour cela qu’il nous fallait apporter des précisions sur ce que nous avons avancé dans leçon précédente, c’est-à-dire qu’à l’heure d’internet il est moins l’ignorance des infidèles est moins excusable. Cela est vrai pour certains esprits vifs et délicats que la grâce va pouvoir toucher dès qu’ils auront eu connaissance des vérités de la vraie foi en Dieu. Mais pour beaucoup, l’ignorance risque d’être invincible car savoir ne suffit pas, puisque dans la pratique religieuse elle est synonyme d’erreur. Il faut aussi être capable de départager le vrai du faux, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Les consciences sont modelées par l’éducation, la culture et elles sont comme figées par les apports extérieurs et peuvent l’emporter sur la voix intérieure des premiers principes de l’action morale, autrement dit de la loi naturelle mise en mots dans les dix commandements.  
   Il faut toujours suivre une conscience moralement certaine, qu’elle soit vraie ou invinciblement erronée. Par contre on n’a pas le droit de suivre une conscience incertaine ou douteuse.  
Seule l’ignorance invincible permet de ne pas être coupable lorsqu’on commet des actes qui sont moralement répréhensibles , alors, ils deviennent moralement bons, parce que celui qui agit, croit à l’existence d’une obligation et obéit par conséquent à sa conscience, en y conformant sa conduite.  Pour être invincible il faut que la personne ait mis son plus grand soin à vaincre cette ignorance selon ses moyens réels et les circonstances objectives. Si malgré ses possibilités et ses efforts, en toute bonne foi, un non chrétien n’arrive pas à découvrir la vérité du salut uniquement réalisable en l’Église catholique, la doctrine catholique ne le condamne pas de facto. Elle s’en remet à Dieu qui scrute les reins et les coeurs et qui sait toute chose. Lui saura si l’ignorance a été réellement invincible ou vincible, et donc comme ont dit "affecté", afin de rester intentionnellement dans son ignorance, et s’il n’y a aucune faute de la part de l’ignorant.   
  Ainsi quand un non chrétien pense sincèrement à cause de ce qu’on lui a inculqué dès son plus jeune âge que Jésus n’est pas le Fils de Dieu, il est dans une ignorance difficilement vincible. Il est très dur de comprendre que puisque le Coran dit que Dieu n’a pas d’enfant et que le christianisme dit que Jésus est le fils de Dieu, que le christianisme défend un abominable polythéisme proche du paganisme antique où les dieux avaient des mœurs humaines et avaient des enfants. Faire accepter le mystère de la Trinité n’est pas une mince affaire. Comprendre que le mot Fils ici est une analogie avec la filiation humaine et que le Fils n’est pas une personne individuelle à part mais plutôt Dieu même en tant qu’il engendre sa propre pensée peut relever de l’ignorance invincible.  
Un non chrétien peut donc être sauvé selon les critères du catholicisme tout en mourant non chrétien si celui-ci finalement appartient de coeur à l’Église sans le savoir. Il est non chrétien de corps et chrétien d’âme s’il obéit aux commandements du Verbe de Dieu qui éclaire tout homme tout en étant dans l’ignorance de cette situation. Comment peut-il vivre ces commandements ? Comme l’a dit Pie IX « en observant avec soin la loi naturelle et ses préceptes, gravés par Dieu dans le coeur de tous » , et en obéissant à Dieu en menant ainsi une vie honnête et droite ». La loi naturelle ou les dix commandements sont inscrits dans la conscience dès la création de l’âme humaine par Dieu à la conception de chaque personne. Personne ne peut prétendre ne pas pouvoir s’y référer pour accomplir la volonté de Dieu même si elle peut être mal éclairée et erronée. A quel point l’ignorance de la loi naturelle est coupable, seul Dieu le sait. Si comme le dit l’Evangile de Jean « l'heure vient  où quiconque vous tuera pensera rendre un culte à Dieu », comment faire la part des choses entre accomplir un commandement de Dieu qui est faux et qui contredit la loi naturelle du « tu ne tueras pas l’innocent» si ma conscience erronée par une religion qui est dans l’erreur me dicte de le faire. 
 Difficile de trancher la question. Elle paraît humainement impossible à trancher. Pour reprendre la phrase apocryphe attribuée au légat Arnaud de Cîteaux lors du sac de Béziers « Dieu reconnaîtra les siens », selon tous les critères dont nous venons de parler.

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