Dans notre dernier exposé sur les récentes réponses du pape, ou plutôt de sa plume cachée, aux 5 dubia des 5 cardinaux, nous avons cité en passant une petite phrase de la réponse 4 qui mérite qu’on revienne dessus, car elle est très révélatrice de l’état d’esprit du synode actuel et du possible désir non pas de continuer à gouverner et à enseigner l’Église dans la continuité de la Tradition mais dans la rupture et le changement.
Le point dont nous allons parler prend l’auteur des réponses en flagrant délit de contradiction et de pensée erronée. Cette contradiction est-elle consciente et voulue ou bien est-elle due à l’ignorance ou à un aveuglement invincible. Difficile de le savoir. Soit il n’a pas lu le document qui fait référence en la matière et il parle de ce qu’il ne connaît pas, soit il l’a lu et il ne le comprend pas, soit il l’a lu et il le comprend et alors c’est plus grave encore en faisant preuve d’un entêtement absurde. Et comme le dit le dicton, l’erreur est humaine mais persévérer est diabolique.
Voici le passage de la réponse 4 auquel nous faisions allusion à propos de l’éventualité du sacerdoce des femmes : « D'autre part, pour être rigoureux, nous reconnaissons qu'une doctrine claire et faisant autorité sur la nature exacte d'une "déclaration définitive" n'a pas encore été élaborée de manière exhaustive. Il ne s'agit pas d'une définition dogmatique, cependant, elle doit être acceptée par tous. Personne ne peut la contredire publiquement et pourtant elle peut faire l'objet d'études, comme dans le cas de la validité des ordinations dans la Communion anglicane ».
La question de la validité des ordinations est-elle vraiment encore ouverte à la discussion comme le pense Mgr Fernandez ou l’un de ses collaborateurs. Le Magistère a-t-il donné une déclaration définitive ? La réponse est oui si l’on se donne la peine de lire la lettre apostolique de Léon XIII Apostolicae Curae.
Léon XIII a connu la même situation de théologiens, qui malgré l’étude approfondie du problème par et les décisions de ses prédécesseurs Jules III, Paul IV et Clément XI, disaient avoir des documents nouveaux pouvant rouvrir le débat sur la question. Léon XIII s’est donc penché une nouvelle fois sur la question par souci du bien des âmes : « C’est donc avec bienveillance qu’ [il a] consenti à un nouvel examen de la question, afin d’écarter à l’avenir, par l’autorité indiscutable de ce nouveau débat, tout prétexte au moindre doute ». Indiscutable veut dire que l’on ne pourra plus ensuite en débattre pour remettre en question la conclusion. Le sacerdoce anglican n’est pas valide parce que le sacrifice eucharistique qu’il opère n’est pas de même nature que la consécration catholique. L’intention n’est pas celle du rite catholique et donc le sacrement s’en trouve non valide.
Léon XIII donne sa sentence : «C’est pourquoi, Nous conformant à tous les décrets de Nos prédécesseurs relatifs à la même cause, les confirmant pleinement et les renouvelant par Notre autorité, de Notre propre mouvement et de science certaine, Nous prononçons et déclarons que les ordinations conférées selon le rite anglican ont été et sont absolument vaines et entièrement nulles» et il précise pour enfin mettre un terme à ce débat : « Nous décrétons que cette Lettre et tout ce qu’elle renferme ne pourra jamais être taxé ou accusé d’addition, de suppression, de défaut d’intention de Notre part ou de tout autre défaut ; mais qu’elle est et sera toujours valide et dans toute sa force, qu’elle devra être inviolablement observée par tous, de quelque grade ou prééminence qu’on soit revêtu, soit en jugement soit hors jugement ; déclarant vain et nul tout ce qui pourrait y être ajouté de différent par n’importe qui, quelle que soit son autorité et sous n’importe quel prétexte, sciemment ou par ignorance, et rien de contraire ne devra y faire obstacle. » L’expression « Quelque soit son autorité » s’adresse aussi à ses successeurs. La réponse 4 est donc en contradiction flagrante avec l’enseignement de Léon XIII. Dire que la question reste ouverte est une déclaration explicite de rupture de la Tradition et de la continuité de l’enseignement du Magistère. Cela a au moins le mérite d’être un aveu clair.