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Nous avons écouté par curiosité une vidéo en anglais sur les apparitions de Garabandal en Espagne intitulée « La prophétie sur le pape François est sur le point de se réaliser en 2024. Le pape de la fin des temps ? » Le titre et l’affiche sont alléchants pour les fans d’apparition et d’eschatologie. Mais ils vont vite déchanter car d’après le message de Marie la fin des temps n’est pas ce qu’on croit. Comme le dit la vidéo ces apparitions ne sont pas reconnues par l’Église et ceux qui y croient attendent patiemment le verdict de l’Église car d’après ce document elle n’a pas encore pris sa décision. Cela tarde un peu car pour les apparitions d’Akita il n’aura fallu attendre que onze ans pour la reconnaissance de l’Evêque et quinze pour celle de Rome par Mgr Ratzinger. Ici 63 ans après les premiers faits toujours aucune reconnaissance officielle alors que celui-ci était au poste pendant ce laps de temps. Si l’on regarde les apparitions officiellement reconnues en France il a fallu 4 ans pour une reconnaissance de l’évêque de Lourdes, 6 ans pour le Laus et un an pour Lasalette et Pontmain. Il nous semble que ce n’est pas prêt d’arriver pour Garabandal si l’on se base sur les paroles de Marie à propos de la prophétie du troisième pape et de la fin des temps.
En effet nous dit la vidéo, en 1963, « Marie révéla à conchita qu’après Jean XXIII il y aurait trois papes avant la fin des temps, la sainte Vierge parlait de la fin des temps pas la fin du monde, si nous excluons le pape Jean-Paul Ier étant donné la brièveté de son pontificat nous arrivons au pape François comme le troisième pape de la prophétie. »
Le premier point assez rapide à commenter est que dans la liste des papes de l’Église catholique, Jean-Paul Ier est bien le 263ème pape. Un pontificat ne se mesure pas en années, ni en mois, ni en jour mais en une élection valide par le Conclave des cardinaux réunis, ce qui fut le cas pour le successeur de saint Paul VI. Donc rien qu’avec cela on peut dire que le pape François n’est pas le 3ème pape après Jean XXIII mais c’est Benoît XVI. Or, la fin des temps n’a pas eu lieu avec l’accession de Bergoglio sur la chaire de Pierre. Vous me direz peut-être que si, si l’on prend la définition de l’expression « fin des temps » telle que l’enseigne Marie à Garabangal et l’interprète celui parle dans la vidéo. Le commentateur précise que si la fin des temps ne doit pas être confondue avec la fin du monde cela pourrait signifier une période de changements, significatifs dans l’Église et dans le monde, une nouvelle ère d’évangélisation ou une réforme spirituelle profonde ». Si c’est vraiment cela que veut dire dans la Bible et dans la tradition de l’Église « l’expression fin des temps » alors avec Jean XXIII et le Concile, Jean-Paul II et la nouvelle évangélisation, nous y étions déjà depuis longtemps. L’Église de la synodalité est aussi un changement profond dans la façon de gouverner l’Église ainsi que la doctrine des moeurs enseignée dans Amoris et Fifucia. Mais cela n’est pas ce que l’Église entend lorsqu’elle parle de la fin des temps. Il suffit de relire le catéchisme de Trente et le CEC, le docteur commun saint Thomas ou la deuxième lettre du premier pape pour s’en rendre compte.
Il est surprenant que Marie dissocie la fin des temps de la fin du monde car l’Église de son fils dit expressément le contraire. En fait « fin du monde, fin des temps, dernier jour, jour du Seigneur, consommation des siècles, fin des siècles, jour du jugement, dernier avènement » renvoient tous au même évènement qui se fait en plusieurs étapes : retour du Seigneur Jésus en gloire, enlèvement des hommes encore vivants selon saint Paul, ce que saint
Thomas interprète comme signifiant « tous mourront en allant
dans les airs rencontrer le Christ » et aussitôt
ressusciterons, embrasement des éléments matériels, résurrection et jugement général des hommes.
Pour le docteur commun de l’Église, cela ne fait aucun doute ainsi
qu’il l’écrit dans son Compendium : « la
résurrection de tous les hommes aura lieu à la fin des siècles (…)
Ce jugement sera général et final et pour cela nous croyons que le
Christ « viendra dans la gloire »une seconde fois ».
Un peu plus loin dans le même paragraphe il parle de « la fin
du monde » au sujet de ce retour que dieu seul connaît.
Pour ce qui concerne les catéchismes, il n’en va pas autrement.
Le CEC dit en effet que « Jésus a annoncé dans sa prédication le Jugement du dernier Jour », puis « au Jour du Jugement, lors de la fin du monde, le Christ viendra dans la gloire pour accomplir le triomphe définitif du bien sur le mal qui, comme le grain et l'ivraie, auront grandi ensemble au cours de l'histoire », mais aussi « En venant à la fin des temps juger les vivants et les morts, le Christ glorieux révélera la disposition secrète des coeurs et rendra à chaque homme selon ses oeuvres et selon son accueil ou son refus de la grâce ». La fin des temps est aussi synonyme d’achèvement du Royaume (782,), de la « pleine manifestation eschatologique » (865), c’est-à-dire du retour du Messie (840), en vue du jugement général et de la récompense des élus : « A la fin des temps, le Royaume de Dieu arrivera à sa plénitude. Après le jugement universel, les justes règneront pour toujours avec le Christ, glorifiés en corps et en âme, et l'univers lui-même sera renouvelé » (1042)
Tout cela est en conformité avec un catéchisme plus ancien, celui issu du concile de Trente, où il nous est dit que : « Quant aux choses humaines qui restent soumises à la marche du temps, et ne sauraient cependant être étrangères au jugement de Dieu, elles doivent à la fin du temps être appelées de nouveau en jugement ». III, 59,5,sol.1 Au dernier jour, Notre-Seigneur Jésus-Christ jugera le genre humain tout entier. Les Saintes Écritures, en effet, mentionnent deux avènements du Fils de Dieu: le premier, lorsque pour nous sauver Il a pris notre nature, et s'est fait homme dans le sein d'une vierge ; le second, quand, à la consommation des siècles, Il viendra pour juger tous les hommes. Ce dernier avènement est appelé, dans l'Ecriture, le jour du Seigneur. CCT chap.8 ,§1
« Reprenant manifestement l’enseignement de saint Thomas il poursuit : Mais cette influence bonne ou mauvaise que le plus grand nombre d'entre eux continue d'exercer après la mort, ne peut finir qu'au dernier jour du monde. La Justice demande donc qu'une enquête rigoureuse soit faite sur toutes ces paroles, toutes ces actions dignes de louange ou de blâme. Ce qui est impossible sans un jugement général de tous les hommes ». §3 « D'autre part, chez les bons comme chez les méchants, les corps ne sont jamais étrangers aux actes de cette vie. Le bien et le mal appartiennent donc à nos corps d'une certaine manière, puisque nos corps ont été l'instrument de l'un et de l'autre. Voilà pourquoi il était de toute convenance de décerner pour les corps, aussi bien que pour les âmes, les récompenses ou les châtiments éternels que tous les deux méritent. Or ce double but ne peut être atteint qu'avec la Résurrection et le Jugement général de tous les hommes ». « Aussi Jésus-Christ, notre Dieu et Sauveur, en parlant du dernier jour, a-t-il déclaré Lui-même qu'il y aurait un Jugement général ». Finalement relisons les avertissements de saint Pierre ; Il viendra, le Jour du Seigneur, comme un voleur; en ce jour, les cieux se dissiperont avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, la terre avec les oeuvres qu'elle renferme sera consumée. 2Pierre, 3, 10 et « attendant et hâtant l'avènement du Jour de Dieu, où les cieux enflammés se dissoudront et où les éléments embrasés se fondront. Ce sont de nouveaux cieux et une terre nouvelle que nous attendons selon sa promesse, où la justice habitera ». 3,12
Voilà l’enseignement officiel de l’Église qui contredit les paroles de Marie à Garabandal. Nous ne savons pas si l’enquête en a tenu compte. Elle a surtout contesté le caractère non surnaturel des faits. Pour notre part ce que nous avons entendu dans cette vidéo ne nous fait pas pencher du côté de l’authenticité.