Sagesse chrétienne
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Le mensuel américain Catholic Family News est présenté sur Wikipédia comme un journal "Traditionaliste". Nous pouvons voir combien ce mot peut revêtir des significations différentes lorsqu'on écoute l'enseignement de feu son éditeur, John Vennari, intitulé "Pope Francis: modernism with a smile", dans une vidéo parue sur Vox Catholica, chaîne en lien avec la FSSPX, en avril 2018. L'intéressant ici n'est pas de savoir si le pape François est un adepte du modernisme, ce que nous ne croyons pas, mais plutôt de se demander ce qu'est le modernisme en soi et si le Concile de Vatican II en a été le promoteur, et par conséquent n'a pas été un vrai concile œcuménique inspiré par le Saint-Esprit.  Un auditeur attentif se rend vite compte que M. Vennari n'est pas vraiment un traditionaliste au sens réel du mot, car il rejette la tradition de l'Eglise en suivant le courant schismatique inauguré par Mgr. Lefebvre en 1988 par les ordinations invalides de quatre évêques. Sa pensée n'est pas traditionnelle mais surannée, car elle se nourrit de vieilles lunes, de légendes des années 40 et 50 que l'on croyait mortes, mais qui, apparemment, ont la vie dure dans certains milieux. M.Vennari était encore persuadé au XXIe siècle que le cardinal de Lubac était le chef d'une école enseignant une "nouvelle théologie", principalement constituée de jésuites, ("providentially Pius XII was giving this warning to jesuits"), distillant une idéologie perverse et tortueuse, ("the thinking is so perverse", "a very grave malignity of intellect, twisted, perverse thinking"), qui ne serait que la résurgence du modernisme condamné par de nombreux papes dont Pie X en tête ( "same problem same error, under a new cloak called the new theology"). Ce sont eux qui ont été appelés par Jean XXIII pour façonner le concile de Vatican II. Comment s'étonner alors que ce concile soit pourri de l'intérieur et que Mgr. Lefebvre se soit révolté contre lui?  Heureusement Lubac s'est fait punir par Pie XII en 1950 grâce au travail de vrais théologiens thomistes tels que Garrigou-Lagrange. D'après M. Vennari, le pontificat de François offre un avantage: "this pontificate does it openly", il est ouvertement moderniste, alors que ceux de Jean XXIII, de Paul VI, de Jean-Paul II et Benoît XVI l'étaient de façon plus sournoise et professaient un modernisme déguisé.     


Voila pour le mythe. Penchons-nous maintenant sur la réalité historique.  On sait que Vennari vise principalement Lubac, non seulement parce qu'il le cite, mais parce que l'allusion aux jésuites et à la soi-disant "nouvelle théologie" est une référence directe à ce que le cardinal français appelait "un épouvantail d'une mythique "Ecole de Fourvière"", qui était le foyer "d'une mythique "théologie nouvelle" dont (il) serait le chef" (1). Cette légende tenace, a surtout pour origine son livre Surnaturel, qui a mis le feu aux poudres. Le principal concerné décrit cet épisode en quelques mots ramassés: "(des livres ) firent l'objet des pires soupçons. Comme on voyait mal où pouvait s'y cacher l'erreur, plusieurs en vinrent, de bonne foi, à se convaincre qu'ils couvraient des projets hypocrites, dont seuls de rares initiés avaient la clé, etc. D'où maintes dénonciations, maintes censures venues de théologiens victimes de leurs imaginations affolées, se donnant la mission, pour sauver l'Eglise, de détecter des intentions perverses jusque sous la formule les plus traditionnelles.  Quand parut mon livre intitulé Surnaturel, le tollé redoubla. Il est vrai que j'y critiquais certaines complications d'une scolastique moderne et proposais d'en revenir à une doctrine plus simple, plus traditionnelle, plus profonde, plus apte aussi à nous guider dans les débats de notre temps, qui avait été celle de Saint Thomas d'Aquin." (2) 
 Voila le paradoxe de toute cette situation résumé en quelques lignes: ceux qui travaillent à mieux connaître l'enseignement le plus authentique et traditionnel du docteur commun de l'Eglise, se font taxer de pervers, de modernistes, d'ennemis de l'Eglise par ceux qui n'en font plus partie et qui se targuent d'en seuls comprendre la doctrine. Ces mêmes inquisiteurs sont en fait, quand on prend la peine d'étudier plus à fond l'histoire de la pensée scolastique, les disciples de commentateurs qui ont faussé, dévié, donc perverti la vraie pensée du maître. On ne peut pas opérer inversion plus complète de la réalité.  M.Vennari appelle Pie XII au secours contre cette nouvelle théologie. Dans les années 40, nous dit-il, le Souverain Pontife a donné cet avertissement: "there is a good deal of talk without the necessary clarity of concept about a new theology which must be in constant transformation following the example of all otherthings in the world which are in a constant state of flux and mouvement without ever reading their term, if we were to accept such an opinion what would become of the unchangeable dogmas of the catholic faith and what would become of the unity or stability of that faith." Certes, une telle théologie en perpétuel changement serait dangereuse pour l'Eglise, mais est-ce vraiment la théologie d'un Lubac? Un tel rapprochement montre seulement que John Vennari n'a pas dû lire une seule ligne dans le texte de l'auteur du Surnaturel, du Mystère du Surnaturel, de Catholicisme, de Méditation sur l'Eglise, de Corpus Mysticum, du Drame de l'humanisme athée et j'en passe et des meilleurs. Nous avons pris la peine de lire quasiment tous les ouvrages de Lubac, et nous ne retrouvons chez lui aucun des motifs de condamnation avancés par ce détracteur.  
M.Vennari, comme beaucoup de lefebvristes, doit être convaincu que Pie XII visait Lubac quand il parle dans Humani Generis "de ces erreurs qui se répandent aujourd'hui ouvertement ou en secret, par manie de nouveauté ou par un propos mal réglé d'apostolat. Mais nous savons aussi que ces opinions nouvelles peuvent avoir prise sur les personnes peu averties ; aussi nous préférons nous y opposer dès le principe plutôt que de devoir porter remède à une maladie déjà invétérée." (3) Or, nous savons avec le recul, par les coulisses de la petite Histoire, que la situation était inverse. Selon le témoignage d'un proche du pape, le Père Bea, qui l'a rapporté à Lubac, Pie XII soutenait le jésuite de Fourvière: "Le Pape me fit aussitôt adresser par le père Bea une lettre dont il lui dicta tous les mots: elle me remerciait pour le travail accompli jusqu'alors et m'encourageait à poursuivre "avec beaucoup de confiance" une oeuvre "dont il se promettait beaucoup de fruits pour l'Eglise". Tout le contraire d'un reproche. Je n'ai jamais eu à faire, ni par écrit ni même oralement, ni en public ni en privé, le moindre acte particulier de soumission ni de rétractation sur aucun point. Et quand je repris mon enseignement, ce fut de moi-même" (4) La fameuse "affaire de Lubac" n'en était finalement pas une, mais un fantasme imaginé par quelques esprits chagrins qui n'avaient pas la même approche du retour aux sources du thomisme, mais celle des commentateurs et des manuels de la scolastique tardive, un thomisme plus "rigide et formel". On nous reprochera d'instruire le procès sur les dires de l'accusé, ce qui donne une présomption en sa faveur. Nous citerons donc le passage de l'encyclique de Pie XII qui conclut le débat autour du Surnaturel: "D'autres déforment la vraie notion de la gratuité de l'ordre surnaturel, quand ils prétendent que Dieu ne peut créer des êtres doués d'intelligence, sans les ordonner et les appeler à la vision béatifique" (5)  Les "autres", ce ne sont pas les théologiens de Fourvière, comme le pensait, "the great thomist Garrigou-Lagrange" dont nous parle Vennari. Si M. Vennari avait pris la peine de lire Surnaturel, il aurait vu dans la conclusion que Lubac y disait que: "L'esprit, en effet, ne désire pas Dieu comme l'animal désire sa proie. Il le désire comme un don. Il ne cherche point à posséder un objet infini: il veut la communication libre et gratuite d'un être personnel. Veut-on parler encore d'exigence? En ce cas, l'on devra dire que l'unique exigence de l'esprit, c'est ici de ne rien exiger. Il exige que Dieu soit libre dans son offre, comme il exige d'être libre lui-même (dans un tout autre sens) dans l'acceptation de cette offre. Il ne veut pas plus d'un bonheur qu'il prendrait, que d'un bonheur qu'il n'aurait qu'à recevoir. Ainsi la gratuité absolue du don divin apparaît aussi bien comme une requête de la créature pour elle-même que pour la grandeur de Dieu. Le plus absolu de tout les désirs. Désirer la communication divine comme un libre don, comme une initiative gratuite, c'est bien la désirer d'un désir par lui-même inefficace, mais ce n'est pas pour autant, ainsi qu'on le dit parfois, n'en avoir qu'un désir platonique, conditionnel ou conditionné." (6)  
Pie XII reprend donc la thèse de Lubac selon laquelle il y a une double gratuité du côté de Dieu: il n'est aucunement nécessité à créer un homme intelligent, et cet homme rationnel, qui pourtant en tant que tel a un "désir naturel" de voir son Créateur, il n'est pas nécessité à l'appeler à la vision béatifique. Il y a aussi comme une double grâce, qui par définition est un don gratuit.  Lubac s'est en effet opposé à ceux qui comme Garrigou-Lagrange enseignaient une "pure nature", pour un homme qui ne pouvait plus désirer naturellement la vision béatifique car "Dieu auteur de notre nature, n'a pu nous donner le désir naturel inné d'une fin à laquelle il ne pouvait nous conduire ut auctor naturae. L'ordre des agents ne correspondrait plus à l'ordre des fins". Le désir de voir Dieu, n'est pas "conditionné" ainsi que le croyait Garrigou-Lagrange parmi d'autres. Il est naturel tout en étant satisfait par un don surnaturel. L'erreur de ces théologiens est d'avoir été plus aristotéliciens que thomistes. L'homme chrétien est appelé à une béatitude finale et suprême dont il est capable en tant qu'être intelligent mais qu'il n'atteint que par un don surnaturel ajouté. Tous les actes naturels sont ordonnés à cette béatitude surnaturelle.  

 Si l'on fait confiance à saint Pie X, ce qui devrait être le cas pour les disciples d'une Fraternité Sacerdotale qui s'est mise sous son patronage, la racine du modernisme n'est pas comme le pense M. Vennari le concept de la vérité, en ce que celle-ci puisse changer avec le temps: "it is the belief that doctrine can change over time, it is the belief that truth changes over times". Cette erreur est si perverse, est tellement ancienne et enracinée dans certains esprits catholiques qu'il faudra du temps ou un miracle pour en venir à bout: "where does this come from? This has deep roots, it's going to take a while or a miracle to straighten it out because the thinking is so perverse". Malheureusement, même un miracle ne suffira pas à extirper cette racine, car cette racine n'est pas la bonne.  Reprenons la distinction thomiste entre la racine du mal, qui est la cupidité dans l'ordre de son exécution, en tant que la cupidité, ou le désir déréglé des richesses, "fournit le moyen de contenter tous les mauvais désirs", et le commencement du mal qui est l'orgueil dans l'ordre de la fin, car "dans l'acquisition de tous les biens temporels", l'homme cherche en définitive à " obtenir par ce moyen une perfection et une excellence particulières". Or la recherche de l'excellence, c'est l'orgueil.  Si on applique cette différence entre "la racine" et "le commencement" au modernisme, il faudrait dire que selon la pensée explicitement exposée par saint Pie X dans son encyclique référence en la matière, Pascendi domini gregis, la racine de cette hérésie est le rationalisme, c'est-à-dire l'agnosticisme en métaphysique dans son côté négatif et l'immanence vitale dans son côté positif. Il en découle la séparation radicale de la foi et de la science qui ne peut être qu'athée, tout comme l'histoire. Le modernisme n'enseigne pas une vérité qui change avec le temps, mais plutôt une absence radicale de vérité pour fonder les motifs de crédibilité de la foi et pour donner une assise rationnelle aux dogmes et la croyance que toute vérité religieuse n'est en fait, par la doctrine de l'immanence, qu'un phénomène de conscience issu de l'homme. "La conclusion rigoureuse c'est l'identité de l'homme et de Dieu, c'est-à-dire le panthéisme"(7). C'est donc plus grave que de dire que la vérité peut changer avec le temps. Certes le dogme moderniste peut changer, mais cela "découle manifestement de leurs principes" (8) car "le sentiment religieux, qui jaillit ainsi, par immanence vitale, des profondeurs de la subconscience, est le germe de toute religion" (9). Tout est à chercher dans l'homme, dans cette immanence vitale qui surgit en lui. Or tout phénomène vital "a pour premier stimulant une nécessité, un besoin; pour première manifestation, ce mouvement du cœur appelé sentiment"(10). Ce sentiment sourd du subconscient de l'homme et reste ainsi "entièrement inaccessible à l'esprit". La religion et Dieu ne sont que des besoins qui naissent pour expliquer l'inconnaissable, "par delà la nature visible", ce même inconnaissable "qui est en l'homme même, dans les profondeurs de la subconscience". La foi n'est que la réponse à ce besoin du divin, un sentiment particulier de l'âme portée à la religion. D'où la conclusion absurde pour Pie X que le modernisme établit une équivalence entre la conscience et la révélation, et que "toute religion est à la fois naturelle et surnaturelle" (11). La conscience religieuse est érigée en règle universelle. Le sentiment religieux et l'expérience personnelle priment sur tout. Et "pour qui vie et vérité ne sont qu'un, jugent de la vérité des religions: si une religion vit, c'est qu'elle est vraie" (12). L'Eglise n'est plus qu' une "émanation vitale de la conscience collective", car "la conscience religieuse, tel est donc le principe d'où l'autorité procède, tout comme l'Eglise" (13). 
Ce n'est pas la vérité même changeante que ruine la modernisme, c'est le triomphe de l'ignorance, du scepticisme, de l'agnosticisme. Avec le modernisme, " l'inconnaissable reste et restera éternellement inconnaissable, autant au croyant qu'à l'homme de la science. La religion d'une réalité inconnaissable, voilà donc la seule possible" (14) . En conclusion, le modernisme "conduit à l'anéantissement de toute religion".  Deux paragraphes après, Pie X, dévoile "le commencement" de l'erreur moderniste, ou pour faire plus simple ses causes éloignées, qui jouent le rôle de principes premiers: "la curiosité et l'orgueil" (15). Par la curiosité il entend "l'esprit de nouveauté que, contrairement à l'avertissement de l'Apôtre, l'on prétend à savoir plus qu'il ne faut savoir et que, se fiant trop à soi-même, l'on pense pouvoir chercher la vérité hors de l'Eglise, en qui elle se trouve sans l'ombre la plus légère d'erreur" et par l'orgueil "cette confiance en eux qui les fait s'ériger en règle universelle. Orgueil, cette vaine gloire qui les représente à leurs propres yeux comme les seuls détenteurs de la sagesse qui leur fait dire, hautains et enflés d'eux-mêmes: Nous ne sommes pas comme le reste des hommes et qui, afin qu'ils n'aient pas, en effet, de comparaison avec les autres, les pousse aux plus absurdes nouveautés. Orgueil, cet esprit d'insoumission qui appelle une conciliation de l'autorité avec la liberté. Orgueil, cette prétention de réformer les autres dans l'oubli d'eux-mêmes, ce manque absolu de respect à l'égard de l'autorité sans en excepter l'autorité suprême" (16). Ne tombe-t-on pas dans ce même travers quand on refuse un concile placé sous le Magistère infaillible de l'Eglise? 

 Quoi qu'il en soit, je ne vois pas où M. Vennari retrouve toute cette doctrine moderniste, chez un Lubac, un Wojtyla ou un Ratzinger, ni dans quel document du concile Vatican II. Il accuse ces hommes qui ont fait le concile d'avoir sauté environ douze siècles de pensée philosophique et théologique, d'être passés disons de saint Augustin à Descartes en laissant entre les deux un trou béant. Accusation grotesque et gratuite pour ceux qui ont lu l'oeuvre de Lubac, Veritatis Splendor ou Fides et ratio de Jean-Paul II. Inutile de démontrer l'évidence pour ne pas subir les critiques d'Aristote. Cette seule justification nécessiterait plusieurs volumes. 
 La nouvelle théologie de Vatican II se résumerait en trois points: l'omission de la scolastique et saint Thomas d'Aquin en particulier, la ruine de la distinction entre l'ordre naturel et l'ordre surnaturel, et la croyance en une théologie qui varie avec le temps: "new theology is actually very simple, you can boil it down to three basic components, first: in philosophy it is a new synthesis between the greek fathers and modern philosophy, they jumped over and avoided saint Thomas Aquinas, second: the breaking down and distinction between the natural and supernatural orders, third: belief that there can be some transformations of the dogmatic message of the church over the course of the centuries, the belief that theology must keep changing and adapting itself to the needs from age to age". Comment démontre-t-il le dernier point, en citant Henri Bouillard: "a theology that is not current (that is to say that is not changing with time) will be a false theology". Pour lui, une théologie qui se précise, qui s'approfondit avec le temps, qui répond aux questions de son époque, avec les apports de la science et des connaissances de cette époque, est une fausse théologie. Autant dire que la théologie de saint Thomas aurait été qualifiée de la même manière au XIIIe siècle. Elle a d'ailleurs été visée dans quelques uns de ses articles, par la condamnation de l’Évêque de Paris d'Etienne Tempiers en 1277 à cause de sa trop grande proximité avec la philosophie païenne d'Aristote. Il s'agissait là d'un quiproquo et d'une confusion avec le courant averroïste.  
Que la théologie soit à jour, "current", ne veut pas dire qu'elle change avec le temps. Cela veut dire pour reprendre les mots de Pie XII que par le retour à ses sources, "les sciences sacrées rajeunissent sans cesse, tandis que la spéculation qui néglige de pousser au-delà l'étude du dépôt révélé, l'expérience nous l'a appris, devient stérile" (17).  De même il ne faut pas confondre "l'évolution" du dogme par un changement de sa formulation, avec un changement du sens. L'approfondissement ne se fait pas au détriment de ce dernier, mais seulement du premier.  
H. Bouillard aurait été heureux que le mot "surnaturel" n'apparaisse pas dans les textes conciliaires: "he was so happy that the word supernature does not appear in the document, I know it doesn't appear in Dei Verbum, perhaps in the whole Vatican II ". On ne peut pas faire des accusations avec des "peut-être". Si l'on en croit M.Vennari, le Père Bouillard s'est trompé, car le mot apparaît au moins treize fois. Vennari, imagine qu'il n'a pas été utilisé du tout. Cela montre qu'il n'a pas pris le temps de vérifier ou pas pris le temps de lire du tout, ou pas de très près ce concile moderniste. Si j'avais le moindre doute sur l'hétérodoxie présumée d'un concile œcuménique, notre réflexe serait de lire attentivement un texte si sulfureux et si en contradiction avec les promesses du Christ. Cela nous rappelle ce que Lubac écrivait de Lumen Gentium: "On a beaucoup écrit sur cette constitution, on a fait mille et une tentatives pour en extraire ou pour en supposer 'l'esprit'. Mais j'ai dû constater, dans l'aire de mon expérience, qu'assez rares étaient ceux qui l'avaient lue intégralement, très rares ceux qui l'avaient étudiée dans son ensemble et de près" (18).  On pourrait répondre que la mot surnaturel n'apparaît que trente-deux fois dans l'oeuvre de saint Augustin et que le mot grâce, qui le remplace, y est deux cent trente-deux fois plus. C'est peut-être une question d'époque ou d'intention. Lubac nous apprend que le mot surnaturel a été mis exprès de côté pour ne pas ouvrir des cicatrices à peine fermées, à cause des disputes qu'avaient suscitées ses livres consacrés aux rapports entre la nature et la sur-nature.    

 "So, Vatican II, what was it, it was a council of change, constant change, new approach , no longer to correct non catholics, but conversation with non catholics. We dialogue with the world rather than stand up to it". Pour Vennari, la théologie possible est la théologie à coups de marteau. Ce n'est pas parce que saint Jean XXIII ne voulait pas anathématiser un monde perdu, déboussolé, fragile, pour ne pas "briser le roseau froissé, ni éteindre la mèche fumante" (Isaïe, 42, 3), mais plutôt le ramener au bercail par le dialogue et la persuasion, que sa doctrine soit différente et non traditionnelle. Une lecture attentive du texte conciliaire et une bonne connaissance de la Tradition de l'Eglise devraient en convaincre tout homme de bonne volonté et d'intelligence assez éclairée.          


(1) Entretien autour de Vatican II, p.12 
(2) Ibid., p.11 
(3) Humani Generis, 40  
(4) Entretien autour de Vatican II, p.14 
(5) Humani Generis, 26  
(6) Surnaturel, p.483  
(7) Pascendi domini gregis, 55  
(8) Ibid., 14  
(9) Ibid., 11  
(10) Ibid.7  
(11) Ibid.9  
(12) Ibid.17  
(13) Ibid.27  
(14) Ibid.55  
(15) Ibid.57  
(16) Ibid.  
(17) Humani generis, 21  
(18) Entretien autour de Vatican II, p.21

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