Sagesse chrétienne
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Le Père Mark Goring est un religieux canadien membre d’une communauté à tendance charismatique mais plutôt romaine et conservatrice à en croire le contenu de ses vidéos Youtube que nous avons découvertes lors du confinement du covid. C’est un prêtre que nous apprécions tout particulièrement car sa pensée est équilibrée, qui puise chez les Pères du désert, dans les Saintes Ecritures, la vie des saints et les révélations privées approuvées par l’Église. 

 C’est pour cette raison que nous avons été surpris et déconcerté par ses prises de positions récentes au sujet de la publication papale Fiducia Supplicans concernant la bénédiction des couples de même sexe. De nombreux auditeurs lui ont reproché sa première vidéo commentant cette publication dans laquelle il disait que les milieux conservateurs catholiques allaient être rassurés et satisfaits en la lisant car rien, d’après lui, n’était inquiétant dans ce document qu’il avait lu minutieusement. Le Père Goring a voulu se justifier dans une deuxième vidéo peu convaincante à nos yeux. Il a du avoir la même impression que nous puisqu’il y a quelques jour nous avons entendu une troisième, puis une quatrième vidéo qui loin de le sortir du pétrin pétrinien dans lequel il s’était mis, ne faisait d’après nous, que l’enfoncer davantage. Voilà ce qui arrive quand on essaye de défendre l’indéfendable, on se perd de plus en plus dans un dédale sans issue. Le Père Goring en bon prêtre catholique a voulu défendre le Pape, c’est tout à son honneur. C’est ce que nous avons essayé de faire jusqu’à Amoris Laetitia, moment où nous avons compris que François s’écartait de la doctrine traditionnelle de l’Église entre autres au sujet des mœurs et de la sexualité. Le Père Goring ne l’a apparemment pas encore compris et il continue un combat perdu d’avance. Si le pape a mis l’auteur de « L’art du baiser », Mgr Fernandez, au poste clé de la congrégation pour la doctrine, de la Foi, ce n’est pas sans raison. Celui qui avait fourni les arguments soi-disant thomistes du chapitre 8 d’Amoris, montrant qu’on pouvait vivre dans une situation objective de péché adultérin tout en recevant les sacrements et les grâces qui vont avec, est le même qui maintenant franchit une étape supplémentaire en enseignant que la bénédiction des couples du même sexe est tout à fait compatible avec la foi catholique.   

  Le Père Goring disions nous tente de justifier l’injustifiable en commençant par citer une mystique, la célèbre Catherine de Sienne. Le premier argument est que, d’après elle, on ne peut pas critiquer trop sévèrement le pape sous peine d’aller en enfer. Cela est radical, mais ressemble plus à une méthode mahométane que catholique. Celui qui critique le chef spirituel est mis à mort. Ici, pire encore, c’est la mort éternelle et non terrestre. C’est oublié que saint Paul, tout avorton qu’il était, s’est permis de critiquer ouvertement et très sévèrement le premier pape « je dis à Céphas devant tout le monde »,dit-il, et encore « Mais quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu'il s'était donné tort ». Quand Saint Paul dit de Pierre et d’autres disciples « qu'ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l'Evangile », il ne s’agissait que de prendre un repas avec des païens. Ici nous parlons de choses bien plus graves qui contredisent la loi naturelle et éternelle des dix commandements. Si saint Paul s’oppose frontalement pour des motifs de pureté tout à fait extérieure qui n’entrent absolument pas dans le cadre des péchés mortels, comment s’étonner que des évêques imitent aujourd’hui l’apôtre des Gentils et manifestent leur désaccord. Le problème est que ceux qui le font risquent leur charge épiscopale. C’est ce qui est arrivé récemment à l’évêque américain de Tyler au Texas Mgr Strickland. Il a suffi qu’il lise à Rome, lors d’une conférence, une lettre d’un de ses amis qui avouait son incompréhension du synode de la synodalité dont les mots clés sont l’« ouverture » et le « dialogue » pour se faire éjecter sans raison vraiment valable. On lui reproché de mal gérer son diocèse, c’est-à-dire qu’il a fait quelques mécontents parmi des prêtres qu’il a changé de poste. Bien sûr cette ouverture et ce dialogue ne sont pas valables pour ceux qui refusent ce synode. 
 Pour conclure cet argument, disons que loin d’être un péché, quand un successeur des apôtres reprend le pape quand celui-ci déraille, c’est plutôt un acte de haute charité. Le « pope-bashing » dont parle le Père Goring, le dénigrement gratuit et mal intentionné envers le pape, n’a rien a voir avec la correction fraternelle pour le bien des âmes et de l’Eglise.  
Le deuxième argument plus sérieux cette fois-ci revient à distinguer les mots « couple » et « union ». En tant que disciple de saint Thomas d’Aquin, on ne peut que se féliciter d’écouter un prêtre qui pratique la distinction pour mieux comprendre le réel.  
Le Père dit en substance qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter car bénir un couple de même sexe n’est pas la même chose que de bénir une union. En gros dans un mariage on bénit une union mais pas vraiment un couple car le mot couple n’est pas aussi fort que le mot union. Il prend l’exemple de la danse. Quand deux personnes dansent on parle d’un couple mais aucunement d’une union. Ces deux personnes peuvent danser sans être mariées, comme dans un cours de danse ou dans une soirée. On est ensemble quelques instants que pour danser. 
 Le seul problème est que cet argument ne tient pas la route pour plusieurs raisons.  Certes dans la définition du mot couple, dans un dictionnaire non atteint par l’orwelisme de la nove langue ou le wokisme, donc par exemple le Robert datant de quelques années, nous retrouvons les deux sens dont parle le Père Goring, à quelques nuances près qui sont de taille.  Premièrement le Père ne distingue pas le sens du mot appliqué à ce qui est sexué et ce qui ne l’est pas dans le réel. La définition du mot dans l’acceptation de « deux choses de même espèce » n’a évidemment rien à voir ici. Ainsi lorsqu’il dit qu’on peut parler d’un couple d’heures, de journées, on comprend bien que cela est tout à fait hors contexte. 
 Si l’on se penche sur le seul sens du mot qui nous intéresse quand deux humains se présentent devant un prêtre, il ne peut s’agir que d’une autre définition.  Dans ce cas-là, le sens premier et par là le plus important est « le mari et la femme ». Le deuxième est « un homme et une femme réunis » et l’exemple donné est justement celui de la danse : « Les danses s’interrompirent, les couples se dénouaient » (Jaloux). On remarquera que le dictionnaire parlent d’un homme et d’une femme et non de deux hommes ou de deux femmes. Par définition un couple se compose de personnes ou d’animaux de sexes différents. C’est normal puisque le nom vient du verbe « accoupler » qui signifie pour les personnes et les animaux « s’unir pour la reproduction ».  
Cela permet de rebondir sur le mot union. Si dans un sens large le mot renvoie à une « relation réciproque qui existe entre deux personnes », le sens plus précis est « la vie en couple, l’union de l’homme et de la femme dans le couple ». Qui dit couple dit union et inversement. L’union est celle d’un couple. Bref, la distinction ne sert à rien puisque les deux mots vont de paire, c’est le cas de le dire. Parler de couple revient à parler d’union. L’union est une relation qui suppose tout d’abord un partage des sentiments, un échange affectif mais aussi une union des volontés. L’amour vise à ne faire qu’un seul coeur mais aussi un seul corps lorsqu’il s’agit de l’union du couple. Si deux hommes s’aiment d’amour d’amitié, il y a bien union des sentiments, des idées, des volontés. Mais si deux hommes veulent vivre comme couple alors on parle d’une chose toute différente. Et selon le mot couple cela s’oppose à la nature même de la signification de ce mot, car une telle union ne peut pas aboutir à la reproduction.    
 Le Père Goring feint de voir la réalité en face lorsqu’il tente de justifier la bénédiction de couple de même sexe en jouant sur les mots. Il sait très bien que les personnes de même sexe qui se présentent devant un prêtre pour recevoir la bénédiction de l’Église ne le font pas pour être bénis individuellement comme personne souhaitant recevoir des grâces pour mieux vivre leur baptême, mais bien pour avoir le feu vert de l’Église pour vivre comme des personnes mariées mais de même sexe, ce qui est incompatible avec la foi catholique. Vouloir bénir des personnes de même sexe comme couple ne rime à rien. C’est laisser croire des choses impossibles pour l’Église. Cela dépasse ses capacités. L’Église ne peut bénir que l’union de deux personnes de sexe opposé en tant que couple. Car par définition, un couple vise l’union des corps en vue de la procréation. Or deux personnes du même sexe ne forment pas un couple. Et même si c’était le cas, vouloir vivre une sexualité en contradiction avec la volonté divine est un grave désordre qui offense cette même volonté. Inutile dans ce cas-là de vouloir une approbation de Dieu par le truchement de l’Église. Inutile également d’espérer l’aide de la grâce qui est ôtée par tout péché mortel.  
On peut tourner les choses dans tous les sens, on revient au même problème qu’avec le chapitre 8 d’Amoris. L’Eglise ne peut pas approuver et bénir ce que Dieu désapprouve et ne bénit pas. Dieu ne bénit pas le péché, ni le pécheur non repentant. Vivre dans une situation de grave désordre ne pourra jamais être une source de grâce. Ceux qui disent qu’on bénit un couple de même sexe décidé à vivre dans le péché pour donner des grâces actuelles, blasphèment ce qu’ils ignorent pour reprendre les mots du premier pape. Que doit-il penser, ce premier pape, de son dernier successeur en date qui autorise à bénir les unions que Dieu a défendues ? 
Relisons ce qu’il écrivait au soir de sa vie à ce sujet : « si, à titre d'exemple pour les impies à venir, il a mis en cendres et condamné à la destruction les villes de Sodome et de Gomorrhe, s'il a délivré Lot, le juste, qu'affligeait la conduite débauchée de ces hommes criminels - car ce juste qui habitait au milieu d'eux torturait jour après jour son âme de juste à cause des oeuvres iniques qu'il voyait et entendait - , c'est que le Seigneur sait délivrer de l'épreuve les hommes pieux et garder les hommes impies pour les châtier au jour du Jugement,  surtout ceux qui, par convoitise impure, suivent la chair et méprisent la Seigneurie. Audacieux, arrogants, ils ne craignent pas de blasphémer les Gloires, alors que les Anges, quoique supérieurs en force et en puissance, ne portent pas contre elles devant le Seigneur de jugement calomnieux. Mais eux sont comme des animaux sans raison, voués par nature à être pris et détruits; blasphémant ce qu'ils ignorent, de la même destruction ils seront détruits eux aussi, subissant l'injustice comme salaire de l'injustice. » Peut-on encore vraiment parler d’herméneutique de la continuité dans le Magistère ?   

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