Sagesse chrétienne
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Le synode de la synodalité aura eu déjà au moins un effet positif, il a poussé le pape François à enfin répondre aux Dubia de certains de ses cardinaux inquiets par la perspective de ce que peut-être une Eglise de la synodalité, une Eglise qui pourrait ne plus être tout à fait la même qu'auparavant.    

 L'entrée en matière est un peu curieuse. Il est en effet étrange d'entendre dire un pape « qu'il ne [lui] semble pas toujours prudent de répondre aux questions qui [lui] sont directement adressées ». Ce qui n'est pas prudent pour un pape, c'est de ne pas répondre à ses cardinaux sur des sujets gravissimes qui touchent à des articles essentiels de la foi ou des mœurs. Si le pape jouit de l'infaillibilité de la foi selon la promesse du Christ, c'est pour qu'il affermisse ses frères (Luc, 22, 32). Cela n'a de toute façon pas d'importance puisqu'on reconnaît dans ses réponses, la griffe de son nouveau chien de garde Monseigneur « tucho » Fernandez, le très progressiste auteur caché du chapitre VIII d'Amoris Laetitia. La prudence du saint Père n'est donc pas concernée.   
   A chaque question, l'auteur, qu'il soit le pape ou non, répond en rappelant la vérité immuable du magistère, la seule acceptable pour qu'une doctrine reste la doctrine catholique. Il ne va tout de même pas dire sans nuance et ouvertement  qu'il ne professe plus la foi catholique. Les réponses qui se veulent rassurantes, sont constituées de plusieurs points, qui n'apportent rien de nouveau pour la majorité d'entre eux. Cependant à chaque fois le ou les derniers points contiennent un « mais » qui jette à chaque fois le trouble et menace de ruiner tout le reste, tout en restant parfois dans un flou et une ambiguité qui laisse la porte ouverte à beaucoup d'interprétations. L'intention est claire: il s'agit de faire passer des réformes indédites. C'est la raison pour laquelle François a choisi son compatriote qu'il sait être capable d'oser des changements audacieux. Mais il a trop d'estime pour sa théologie, pour la finesse et la justesse de sa pensée. Car Mgr Fernandez est loin d'être le docteur subtil et il oppose de façon trop grossière côte-à-côte dans ses réponses son pseudo attachement à l'enseignement traditionnel de l'Eglise et son intention réelle pour l'Eglise de demain, une ouverture, une inclusion qui va bouleverser les sacrements fondamentaux de l'Ordre, du mariage, de la pénitence, tous ordonnés à celui de l'eucharistie. Qu'on ne l'oublie pas, c'est bien la présence réelle du Christ dans l'hostie qui va finalement être altérée. 
  
Ainsi à la question 1: « la Révélation divine dans l'Église doit [-elle] être réinterprétée en fonction des changements culturels de notre temps et de la nouvelle vision anthropologique que ces changements promeuvent ; ou si la Révélation divine est contraignante pour toujours, immuable et donc à ne pas contredire... ? » la pape ou sa plume cachée ne peut que répondre  « il est vrai que la Révélation divine est immuable et toujours contraignante », «  Les changements culturels et les nouveaux défis de l'histoire n'altèrent pas la Révélation », « il est vrai que le Magistère n'est pas supérieur à la Parole de Dieu », pourtant à chaque fois il y aura un « mais », un « cependant ».  Si c'est un lieu commun et une évidence que « l'Église doit être humble et reconnaître qu'elle n'épuise jamais son insondable richesse et qu'elle a besoin de grandir dans sa compréhension »et que « Par conséquent, elle grandit aussi dans sa compréhension de ce qu'elle a elle-même affirmé dans son Magistère, il faut attendre la 7ème et 8ème point d'argumentation pour commencer à voir des failles dans la réponse.  Pour être plus exact, la réponse à la première question avait déjà très mal commencé puisque l'auteur du texte nous dit que « La réponse dépend du sens que l'on attribue au mot «réinterpréter». S'il est compris comme «mieux interpréter», l'expression est valable. En ce sens, le Concile Vatican II a affirmé qu'il est nécessaire que, par le travail des exégètes - et j'ajouterais, des théologiens – «le jugement de l'Église mûrisse» ». Certes le texte n'est sans doute pas en français initialement, mais on peut supposé qu'il a été bien traduit, et dans cette optique là on est en droit d'affirmer que l'argumentation est erronée car le préfixe « re » en français ne signifie absolument pas « meilleur » mais plutôt « nouveau ». L'expression « mieux interpréter » n'est donc pas valable. Le but est un changement dans la doctrine et la pratique de l'Eglise et non un enrichissement interne.
La question des cardinaux est bien : y a t-il une nouvelle doctrine en préparation liée au synode de la synodalité ? Les cardinaux savent bien ce que signifie l'expression « l'évolution du dogme » qui n'est pas très bien choisie car elle peut faire penser à une transformation de type darwienne où les êtres changent d'espèce et donc de nature alors que le dogme suit une croissance de type germinale, un enrichissement interne qui ne modifie pas sa nature, ce qu'elle est essentiellement. 
Si les cardinaux posent la question , c'est donc qu'ils craignent une réinterprétation dans le seul sens possible du mot, celui du changement, de l'invention, de la créativité.  Les vraies réponses de Mgr Fernandez sont donc dans les derniers points ambigus et « douteux » de chaque réponse.    

Ainsi au 7ème point, donc il nous ressert la même citation de saint Thomas d'Aquin qu'il avait utilisée pour justifier la situation irrégulière des divorcés remariés dans Amoris mais en inversant complètement l'intention de l'auteur. Pire encore, au moment où il cite le docteur commun de l'Eglise il fait exactement ce qu'il dit qu'il ne faut absolument pas faire. : « la seule formulation d'une vérité ne pourra jamais être adéquatement comprise si elle est présentée isolément, isolée du contexte riche et harmonieux de l’entière Révélation. » S'il y a « une doctrine monolithique défendue par tous sans nuance », c'est bien celle de Mgr Fernandez.  Nous avions montré dans un exposé précédent concernant le fameux chapitre 8, comment il mettait dans le même sac sans aucune distinction et nuance le commandement « tu ne tueras point » avec celui de tu ne commetras pas l'adultère, afin de montrer que la fornication et l'adultère pouvaient être des actes vertueux dans certaines circonstances. Au motif que le 5ème commandement n'admet pas d'exception, comment expliquer dit-il qu'il est permis de tuer pour se défendre. « Cependant elle laisse place à la question : l'action de prendre la vie en situation  d'autodéfense doit-elle être incluse dans le terme « tuer » interdit dans la norme ». Cette pseudo aporie permet à notre théologien de suggérer cette énormité morale : « Pour cette raison il est également licite de se demander si les actes  de cohabitation more uxorio devraient toujours tomber , dans leur  sens intégral, à l'intérieur du principe négatif qui interdit de 'forniquer' ». 
L'heure est grave car nous avons un sophiste en charge de la défense du dépôt de la foi catholique.  L'argumentation fallacieuse revient à confondre deux actes de nature très différentes. Le meutre de l'innocent qui est toujours un mal en soi, ne peut pas être mis au même niveau que la fornication et pire encore l'adultère, qui ajoute une injustice à la difformité de la fornication, qui sont des actes purement et simplement négatifs. Mgr Fernandez confond meurtre et assassinat. Comment un théologien au poste le plus important de l'Eglise après le pape pour le maintien de la pureté de la foi peut-il ne pas faire la distinction entre un acte décidé par l'autorité civile et un acte commis par un individu.   
Mgr Fernandez nous ressert la même phrase de saint Thomas qui lui permet d'atténuer l'injonction faite aux consciences par la loi naturelle et la loi divine. « Je souhaite rappeler ce qu'affirmait saint Thomas d'Aquin: «plus on descend dans les détails, plus l'indétermination augmente» (Summa Theologiae 1-1 1, q. 94, art. 4). » Le mot « indertermination » a remplacé le mot « exception » du chapitre VIII d'Amoris, mais cela ne change rien au fait que ce n'est pas le mot utilisé par saint Thomas. Celui-ci écrit en latin « poterit deficere », on peut faillir, on peut commettre une faute, un péché. Il ne veut donc absolument pas dire que lorsqu'on applique dans les détails, et les circonstances la loi morale générale, on peut être disculpé, excusé, parce qu'on n'a pas bien appliqué cette loi générale au cas particulier, qu'on n'a pas bien vu ce qu'il était juste et bon à faire mais bien au contraire, qu'on risque de commettre des péchés si l'on oublie de tenir compte de la loi générale. Saint Thomas veut dire, et le contexte le montre, qu'il faut être vigilant à bien considérer la volonté de Dieu quand on agit dans tel ou tel contexte. La conscience est justement l'application des règles dans les contextes particuliers.  C'est la vertu de prudence qui permet aussi cela. Loin d'excuser les actes mauvais l'éloignement de la loi divine, c'est cet éloignement qui augmente les risques de pécher. Mgr Fernandez comme à son habitude, fait dire à saint Thomas ce qui l'arrange, sans tenir compte du contexte de la phrase, ni du vrai vocabulaire qu'il utilise. 
 Non seulement il fausse la pensée du grand théologien dominicain, mais il ne discerne pas ce qui est essentiel au salut de ce qui ne l'est pas. Comme les pharisiens et leur raisonnements inversés il filtre les moustiques et laisse passer les chameaux. Il justifie l'adultère et la fornication et met en avant le problème historique, social, économique complexe de l'esclavage qu'aurait cautionné Le pape Nicolas V, sans rappeler qu'avant et après les papes Eugène IV et Paul III ont condamné l'esclavage des populations noires. Si la question de l'esclavage est liée au contexte culturel, la question de l'adultère, de la fornication, des unions illégitimes et contre nature, rentrent toutes dans la « substance pérenne «  de l'Ecriture et de la Tradition". Cela ne sert donc à rien d'avancer l'esclavage pour montrer que l'enseignement de l'Eglise peut s'affiner voire changer. Les commandements de la loi naturelle, qui sont le reflet de la loi divine, eux ne changent pas. L'Eglise ne peut pas bénir ce que Dieu désapprouve. Dieu n'approuve que l'union d'un homme et d'une femme dans le cadre d'un mariage librement consenti, indissoluble, avec une fidélité vécue jusqu'à la mort, pour le bien des époux et en vue de la procréation et de l'éducation des enfants qui naîtraient de cette union. Tout le reste n'est pas de Dieu. Or quand l'auteur de la réponse 2 dit que «d'autre part, bien qu'il existe des situations qui, d'un point de vue objectif, ne sont pas moralement acceptables, la même charité pastorale nous demande de ne pas traiter simplement comme «pécheurs» d'autres personnes dont la culpabilité ou la responsabilité peuvent être atténuées par divers facteurs qui influencent l'imputabilité subjective (cf. saint Jean-Paul II, Reconciliatio et Paenitentia, n. 17) on comprend qu'il prépare le terrain pour bénir des unions illicites. Cela bien sûr au nom de la charité. L'auteur juste avant a commencé par dissocier la vérité objective de l'acte et de sa bonté. C'est tout à fait pernicieux et faux. La bonté comme la vérité sont toutes les deux des aspects de l'unique notion de l'être. On ne peut pas les opposer, puisque Dieu est la bonté et la vérité même en tant qu'il est l'Etre même purement et simplement. Une chose vraie est nécessairement bonne, car l'erreur n'est jamais une bonne chose. La vérité et la bonté marchent de paire. Il ne sert à rien de les séparer et pire encore de les opposer. Les actes humains ne sont bons que dans la mesure où ils sont aussi vrais, c'est-à-dire ajustés à la droite raison, qui elle-même se règle sur la vérité divine. Si je fais ce que Dieu estime être bon à faire, alors ma conscience ne se trompe pas, elle est dans la vérité.  Dire que « La défense de la vérité objective n'est pas la seule expression de cette charité, qui est aussi faite de bonté, de patience, de compréhension, de tendresse et d'encouragemen » est un sophisme de plus qui sert à noyer le poisson dans l'eau. C'est aussi embarquer le pauvre saint Jean-Paul II dans une doctrine tout à fait opposée à la sienne. Jamais il n'aurait autorisé une bénédiction pour une nouvelle union matrimoniale pour des personnes déjà validement mariés avec une autre personne et encore moins des personnes de même sexe. Il suffit de relire Familiaris consortio entre autres pour s'en convaincre.  
Que veut dire bénir ? Dans le langage biblique la bénédiction de Dieu est d'après saint Thomas d'Aquin ce qui « donne la vertu de se multiplier par la génération », et «  Dans le cas des hommes, la bénédiction est répétée parce qu'il y a en eux une raison spéciale de multiplication, celle de pourvoir au nombre des élus »(I,72,1,ad4). Dieu ne peut pas par définition bénir des unions qui ne sont pas ordonnées à la procréation. Ce que Dieu ne peut pas faire, l'Eglise peut encore moins le faire.  « Le mot bénédiction vient de bonté », et ce qui est contraire à la volonté de Dieu ne peut pas être bon donc ne peut pas être béni par l'Eglise. Il est donc erroné de dire que des situations qui objectivement ne sont pas moralement acceptables peuvent en même temps ne pas être des péchés. Le péché est un acte moral difforme qui s'oppose à Dieu. 
Saint Jean-Paul II dans le passage cité parle du péché en général, qui peut être atténué par divers facteurs. Mais si Mgr Fernandez avait appliqué son principe de ne pas « isoler » une phrase de « son contexte riche et harmonieux », il aurait cité la suite du texte : « Mais c'est une vérité de foi, confirmée également par notre expérience et notre raison, que la personne humaine est libre. On ne peut ignorer cette vérité en imputant le péché des individus à des réalités extérieures: ». Les hommes doivent répondre de leurs actes et restent libres de ne pas pécher malgré certains facteurs externes et internes. A moins d'être fou, tout homme est imputable de ses actes. 

 La réponse a la 4ème question sur la possibilité du sacerdoce des femmes est également assez ambiguë. Si l'auteur rappelle que saint Jean-Paul II dans la continuité de la Tradition de l'Eglise a dit que les femmes ne pouvaient pas accéder au sacrement de l'Ordre et devenir prêtres non pour des raisons de domination, d'excellence, de supériorité naturelle mais  pour des raisons de fonctions et non de dignité ou sainteté, il termine son paragraphe par cette formulation étrange: "la nécessité pour elles de participer, de diverses manières, à la conduite de l'Église". Conduire l'Eglise c'est la gouverner, et cela revient aux Evêques et à leur tête au Pape. De plus le dernier argument va dans le même sens: l'enseignement de Jean-Paul II ne relève pas d'une définition dogmatique et ce qu'il a dit être définitif n'est finalement pas si définitif que cela. Ainsi "nous reconnaissons qu'une doctrine claire et faisant autorité sur la nature exacte d'une "déclaration définitive" n'a pas encore été élaborée de manière exhaustive" dit la réponse. Il faut en même temps l'accepter, "Personne ne peut la contredire publiquement et pourtant elle peut faire l'objet d'études, comme dans le cas de la validité des ordinations dans la Communion anglicane". Pourquoi étudier ce qui est définitif en espérant que cela ne le soit plus. Cela signifie-t-il qu'on cherche à préparer en douce un éventuel changement, tout en disant tout haut pour l'instant que rien ne va changer pour ne pas choquer les oreilles des fidèles. C'est faire preuve d'aveuglement ou d'ignorance invincible que d'espérer voir un jour valides les ordinations issues du rite du roi Edouard. Léon XIII a définitvement tranché le débat en s'appuyant dans son Encyclique Apostolicae Curae sur l'étude et les décisions de tous ses prédécesseurs: "c’est donc avec bienveillance que Nous avons consenti à un nouvel examen de la question, afin d’écarter à l’avenir, par l’autorité indiscutable de ce nouveau débat, tout prétexte au moindre doute". La sentence est sans appel: "Nous prononçons et déclarons que les ordinations conférées selon le rite anglican ont été et sont absolument vaines et entièrement nulles." Il précise en conclusion que sera "vain et nul tout ce qui pourrait y être ajouté de différent par n’importe qui, quelle que soit son autorité et sous n’importe quel prétexte, sciemment ou par ignorance, et rien de contraire ne devra y faire obstacle". Aucun pape suivant ne peut donc aller contre cette décision sans qu'il y ait rupture dans l'enseignement du Magistère.

 Quant à la 5ème réponse que signifie « le simple fait de s'approcher de la confession est une expression symbolique du repentir et de la recherche de l'aide divine »? On ne peut se contenter de s'approcher du confesseur si on est catholique et si l'on a un péché grave sur la conscience. On reste coupé de la grâce et on risque son salut en mourant dans un tel état. Le mot symbole peut avoir plusieurs sens. Si l'on entend par là un signe qui réalise ce qu'il signifie, alors oui la confession est un symbole qui remet les fautes. Si l'on comprend symbole comme une représentation imaginaire alors c'est du vide qui n'a rien de réel et qui ne produit rien ne notre âme. 
Dans le premier cas de figure, si l'on se confesse sans se repentir, il n'est pas possible de recevoir le pardon sacramentel.  On ne peut pas recevoir le pardon sans qu'il y ait repentir puisque le second est une condition du premier. C'est pourquoi saint thomas d'Aquin dit dans sa Lecture de l'Evangile de saint Matthieu que «  [Dieu n’ordonne donc pas de remettre à n’importe qui, mais à celui qui se repent ». Le repentir aussi appelé "contrition", est la matière du sacrement de pénitence (avec la confession du péché et la satisfaction ou réparation), alors que l'absolution du prêtre en est la forme. Sans cette matière et cette forme il n'y a pas de pardon sacramentel possible. Pour saint Thomas, le seul cas de figure où « un péché ne puisse être effacé par la pénitence, c'est celui où «  le pécheur ne pourrait plus se repentir de son péché », comme dans la damnation. (III , 86,1). C'est dire si le pardon divin est lié au repentir. C'est donc une ânerie de plus que nous sert Mgr Fernandez. Comme il le dit lui-même, c'est symbolique, c'est du vent. 

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