On a vite entendu parler de son « Guéris-moi avec ta bouche, l’art du baiser » de 1995 au moment d’
, puisque Mgr Fernandez avait déjà été reconnu comme étant la plume cachée du pape. Nous avons entendu parlé d’un livre dont le thème est l’amour interdit entre un prêtre et une religieuse.
Fiducia Supplicans était déjà en germe dans ce livre. Car tout est mélangé : le bonheur par l’orgasme sexuel hétérosexuel, le bonheur par l’expérience mystique, le bonheur dans l’amitié entre hommes. Comme tout s’entremêle, on ne connaît plus trop la frontière entre la joie spirituelle provoquée par Dieu dans l’union mystique, la joie du coït, la joie de l’amitié.
Ainsi « Tucho » Fernandez nous parle d’un Carlo Carreto, un homme viril qui dans sa rencontre avec Dieu la plus marquante s’est senti comme une petite fille plein de de confiance. Le genre disparaît dans l’union mystique.
Dans le chapitre 8 intitulé « La route vers l’orgasme » le livre s’intéresse beaucoup à l’expérience de l’orgasme de l’homme et de la femme. Saint Jean-Paul II a évoqué ce thème dans sa théologie du corps mais a toujours maintenu la sexualité de l’homme et de la femme dans le plan de Dieu, au sein du sacrement du mariage et dans l’ouverture à la vie. Ici c’est plus cru et l’auteur se complaît dans des détails qui relève de l’intimité du couple. Il en parle comme s'il avait lui-même une expérience personnelle et poussée de ce qu’il décrit. Nous laisserons de côté les détails salaces pour nous concentrer sur l'intérêt du livre.
Le but du livre n'est pas le dialogue interreligieux même si l'auteur cite un théologien musulman du XVème siècle qui écrivait que Dieu rendait le penis de l'homme aussi dur qu'une lance pour faire la guerre aux vagins.
Le but du livre n’est pas de vivre non plus une sexualité épanouie au sein du mariage entre un homme et une femme, c’est plutôt de justifier des pratiques sexuelles en dehors du mariage.
Puisque Dieu n’est pas l'ennemi de notre bonheur, écrit-il, que Dieu va nous libérer de nos failles psychologiques et de nos blessures dues à nos manques d’amour, tout ce qui est beau et nous attire dans ce monde devrait nous élever vers la source divine. « La frontière entre l’expérience mystique des saints et l’orgasme sexuel physique est floue et tenue. Cela ne veut pas dire que cette joyeuse expérience de l’amour divin », nous dit-il, « si je l’expérimente, va me libérer de toutes mes faiblesses psychologiques. Cela ne signifie pas par exemple qu’un homosexuel va nécessairement arrêter d’être homosexuel. » On peut des demander si cet exemple, ou celui qui va suivre « de la sœur qui doit faire de grand sacrifice pour garder sa virginité » n’est pas son propre cas. Mgr Tucho Fernandez n’est-il pas comme Luther en son temps, le propre sujet de ses combats, de ses tournants qui rejaillissent dans ses livres comme dans essai de catharsis, de purification de guérison ou de justification. Le problème est que ses obsessions et leur auto justification servent de modèle actuellement pour toute l’Église. Les démons de Fernandez forgent la doctrine et la pastorale de l’Église de François.
Ainsi sans surprise nous retrouvons dans cet ouvrage sulfureux l’argumentation fallacieuse dont nous avions parlé au sujet du chapitre VIII d’Amoris Laetitia. « N’oublions pas », nous dit-il, « que la grâce de Dieu peut coexister avec des faiblesses et même avec des péchés, quand il y a un très fort conditionnement. Dans ces cas-là la personne peut faire des choses qui sont objectivement des péchés sans être coupables et sans perdre la grâce de Dieu ou l’expérience de son amour. » Et il cite le CEC 1735 « L'imputabilité et la responsabilité d'une action peuvent être diminuées voire supprimées par l'ignorance, l'inadvertance, la violence, la crainte, les habitudes, les affections immodérées et d'autres facteurs psychiques ou sociaux ». Sans citer la suite : « Tout acte directement voulu est imputable à son auteur » et « une action peut être indirectement volontaire quant elle résulte d'une négligence à l'égard de ce qu'on aurait dû connaître ou faire, par exemple un accident provenant d'une ignorance du code de la route. »
Mgr Fernandez croit pouvoir bénir des actes objectivement peccamineux, ceux qui concernent les unions irrégulières d’adultères ou de même sexe, rien qu’en citant une ligne du catéchisme, sans citer la suite et sans se référer au reste de l’enseignement de l’Église et de ses docteurs. Et on veut nous faire croire que nous sommes dans la continuité de la Tradition ?
Il se trouve justement que le passage qu’il cite est lui-même emprunté à un passage de la Somme Théologique du Docteur Commun de l’Église catholique, saint Thomas d’Aquin. Le saint Théologien répond à la question "La gravité des péchés est-elle évaluée selon leur cause ?" (I-II, 73, 6) Saint Thomas distingue une double cause dans tout péché. La cause essentielle est la volonté même de pécher. Plus on veut mal faire et plus le péché est grave. A côté de cela existent d’autres causes extérieures qui inclinent la volonté vers la faute. Parmi celles-ci certaines causes « inclinent la volonté à pécher en dehors de sa nature et de son ordre propre ». « Ce sont les causes qui diminuent le jugement de la raison, comme l'ignorance, ou celles qui diminuent le libre mouvement de la volonté, comme l'infirmité, la violence, la crainte, etc. De telles causes diminuent le péché comme elles diminuent le volontaire, tellement que si l'acte devient tout à fait involontaire, il n'a plus raison de péché ». Il faut donc que l’acte soit tout à fait involontaire pour que le péché disparaisse et que l'on puisse pécher tout en restant en état de grâce. Il faut par exemple que l’ignorance ne soit pas due à la négligence personnelle. Pour que l’imputabilité soit supprimée et même fortement diminuée, il faut être dans une ignorance invincible, c’est-à-dire soit être fou, soit n’avoir aucun moyen de savoir ce que l’objet de l’acte représente ou qu’on agisse sous une contrainte absolue.
D’après le docteur commun de l’Église, seul un homme qui s’unirait avec une autre femme en pensant par erreur qu'il s'agit de son épouse n’est pas imputable de son péché et ne commet pas d’adultère. Mais cela est un cas extrême, cela ne se produit pas, à part dans de rares films. Comme Louis de funès dans la Grande Vadrouille qui se glisse par mégarde dans le lit d’un officier allemand en se trompant de chambre sans faute de sa part puisque le numéro sur la porte change par accident. Tous ceux qui vivent dans des situations gravement irrégulières sont des êtres raisonnables qui malgré les difficultés de la vie et les faiblesses restent responsables de leurs actes s’ils ne sont pas déments.
De plus pour ce qui concerne les commandements divins du décalogue, saint Thomas d’Aquin n’admet aucun excuse, tout homme est tenu de connaître la loi de Dieu, car tout homme reçoit ces commandements par sa conscience en tant qu’il s’agit là de la loi éternelle donnée à tout homme comme principe naturel de l’action morale bonne à faire et mauvaise à éviter. Ne pas savoir que l’adultère est une injustice grave commise envers le prochain n’entre pas dans les circonstances atténuantes du numéro 1735 du catéchisme, pas plus que la fornication et encore moins la sodomie qui en plus est un acte qui va à l’encontre de la nature telle que Dieu la établie.
Non content d’enseigner des graves erreurs qui risquent de perdre les âmes, Mgr Fernandez aggrave son cas en y joignant l’indécence et l’atteinte à la pudeur.