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-On peut très bien relever des actes puis constater que ces actes ont été déclarés "ex cathedra" comme hérétiques ou apostats sans pour autant juger leur auteur? Si non à quoi auraient servis tous les écrits de nos papes pour protéger notre Sainte Eglise? 

Le 22 mai 2013, le Pape François, «Evêque de Rome»  a déclaré : « Le Seigneur a racheté tout le monde avec le sang du Christ, tous, pas seulement les catholiques, tous. Et les athées ? Eux aussi, tous. C’est ce sang qui fait de nous des fils de Dieu ! » (Osservatore Romano News-va – 22 mai 2013)  

Le pape François assure aux athées : Vous n'avez pas à croire en Dieu pour aller au ciel.  Concile de Florence - Cantate Domino - 4 février 1442 - ex cathedra : "[La très sainte Eglise romaine] Elle croit fermement, professe et prêche qu'" aucun de ceux qui se trouvent en dehors de l'Eglise catholique, non seulement païens mais encore juifs ou hérétiques et schismatiques ne peuvent devenir participants à la vie éternelle, mais iront " dans le feu éternel qui est préparé par le diable et ses anges" [Mt 25,41] à moins qu'avant la fin de leur vie ils ne lui aient été agrégés ; Etc, etc, etc...Paul  


    -Répondre à ce flot de citations prendrait trop de temps. Il faudrait pourtant s’y atteler un jour. Je vais me contenter de gloser sur les trois premiers car ils viennent en tête, et aussi parce qu’ils renvoient à des points assez essentiels.  

  A moins d'avoir mal compris le sens de ta phrase : « On peut très bien relever des actes puis constater que ces actes ont été déclarés "ex cathedra" comme hérétiques ou apostats sans pour autant juger leur auteur? », je ne vois pas comment un acte déclaré ex cathedra pourrait être hérétique. Cela ne s'ait jamais vu dans l’histoire de l’Eglise et contredit les paroles du Christ. Les vérités proposées ex cathedra par le pape, lui sont réservées comme faisant partie de ses prérogatives expresses, engageant le mode d’exercice ordinaire de son pouvoir d’infaillibilité. On peut douter de cette vérité, mais alors on cesse de facto d’être catholique. Puisque tu aimes St Cyprien,  n’oublie pas que selon lui « celui qui n’adhère pas à la Chaire de Pierre, le centre de l’unité, tombe dans le schisme ou l’hérésie ». Venons-en au deuxième point concernant la déclaration du Pape selon laquelle : « Le Seigneur a racheté tout le monde avec le sang du Christ, tous, pas seulement les catholiques, tous. Et les athées ? Eux aussi, tous. C’est ce sang qui fait de nous des fils de Dieu ! » (Osservatore Romano News-va – 22 mai 2013)

 Excuse- moi de paraître naïf, mais je ne vois là qu’un souverain « poncif », si je puis me permettre un jeu de mot au passage. Cette phrase est digne d’un sermon du temps ordinaire dans une église quelconque. C’est du St Paul le plus classique. Bien sûr que le sang du Christ a été versé pour tous les hommes, sinon nous ne serions pas l’Eglise catholique, nous serions des Témoins de Jéhovah ou au minimum des calvinistes.  Que le Christ veuille sauver tout le monde n’implique absolument pas que certains ne le connaissent pas (ce qui n’est pas pour le coup de l’athéisme) ni le rejettent ou ne veulent pas admettre son existence après un examen minutieux et sincère (ce qui devient l’athéisme).  On peut dire que Judas est devenu un athée, puisqu’il n’a pas vu le messianisme de son maître, il a cessé de l’aimer, il a refusé son pardon. Il s’est donc privé de Dieu, ce qui est la définition de l’ « a-théisme ». Et pourtant, il avait reçu le même appel, la même dignité d’Apôtre, et on ne peut pas douter que le sang versé juste après sur la croix n’aurait pas sauvé le traître si celui-ci s’était repenti.  Je ne comprends pas très bien ce qui te chagrine là-dedans. La conclusion «  Le pape François assure aux athées : Vous n'avez pas à croire en Dieu pour aller au ciel. », n’est donc pas justifiée, car il ne dit pas cela. Il dit simplement que le salut est « universel » (catholique), offert à tous les hommes, mais il est clair que seuls les hommes de bonne volonté qui adhère au Christ seront sauvés, ce qui est implicitement sous –entendu dans sa déclaration. 

    Finissons sur un cas d’école : le fameux « hors de l’Eglise point de salut ».  C’est le cas abordé dans ta troisième citation :   
« Concile de Florence - Cantate Domino - 4 février 1442 - ex cathedra : "[La très sainte Eglise romaine] Elle croit fermement, … » :  

Une petite distinction s’impose pour éclairer ce dilemme. Il suffit de distinguer la différence entre l’appartenance au corps de l’Eglise et à son âme. C’est l’appartenance à l’âme qui compte le plus. Il faudrait donc dire « hors de l’âme de l’Eglise pas de salut », car par âme on entend la grâce sanctifiante qui nous fait vivre de la vie de Jésus. Certains peuvent ne pas faire partie du corps sans que cela ne soit de leur faute, et par leur bonne volonté pratiquer la loi naturelle et la religion dans laquelle ils sont nés, du fait qu’ils désirent faire tout ce que Dieu veut, ils appartiennent implicitement à l’Eglise catholique (appartenance de désir). Voilà la position théologique la plus classique, telle que tu peux la retrouver résumée par exemple chez le Chanoine Boulenger dans sa Doctrine Catholique.    

 -C’est vrai j’avais oublié l’âme de l’Eglise, merci de me l’avoir rappelé. On doit pouvoir faire plus simple pour se comprendre; Les déclarations ex cathedra citées concernent des points précis soulevés par nos papes précédents. Donc pour simplifier,   
1- des papes proclament des dogmes ex cathedra  
2 - une personne pose un acte niant le dogme exposé par le pape précédent.   

Que fait le catho de base que je suis qui est en droit de s’interroger? On fait l’autruche, on trouve des excuses on ignore? On remet en question l’infaillibilité? On s’abandonne, on fait confiance malgré l’énormité de la chose et cette infaillibilité bafouée? Tu critiques Léon XIII alors là je ne te suis plus car puisque sa déclaration est ex cathedra peu importe son état d’esprit non? Ou alors pour aller dans ton sens OK Léon XIII pas politiquement correct donc on écarte. OK alors pourquoi ne pas douter de ce pape à ce compte-là ? Ou bien tous les dogmes proclamés sous infaillibilité sont du folklore et on en prend et on en laisse comme cela nous arrange.  
Donc que faut-il penser d’une personne qui pose des actes clairement décrits ex cathedra par plusieurs papes comme hérétiques ? Si tu lis tout le document tu trouveras les citations des papes ainsi que les actes posés qui me posent question. Essayons de nous en tenir à des faits concrets et ne noyons pas le poisson. Dans le fond on est sûrement d’accord mais tu ne réponds pas à cette question des actes posés clairement contraires aux dogmes enseignés.  On va y arriver…   


  -Je ne doute pas qu’on va y arriver, car nous sommes, quoi qu’il en soit,  deux fils de l’Eglise, et donc deux frères qui cherchent à s’entre-aider. Tu as raison, il faut faire simple. Mais avant je souhaite te remercier de te plier à ce genre d'exercice qui consiste à ouvrir son cœur à un autre sur des sujets graves. J'essaye de le faire justement le plus simplement possible, avec ce qui me vient spontanément à l'esprit en puisant dans la bibliothèque de ma mémoire, les ouvrages que je tente péniblement de stocker avec le temps, peu aidé par une faculté de mémorisation trop débile. 

 Le plus simple est de partir du principe que l'infaillibilité pontificale empêche de facto un pape de contredire un autre, et encore plus un Concile de l'Eglise Universelle. Partant de là, il faut trancher entre deux options: soit le Christ nous a menti et l'infaillibilité n'existe plus depuis Pie XII, et six papes sont des antipapes et leur Concile un pseudo-concile, soit ces mêmes papes et leur Concile ne contredisent pas la Tradition (cette opposition du Pape à un autre me rappelle les défenseurs de Maurras qui montent Pie X contre Pie XI, qui d’un seul coup n’est plus en odeur de sainteté, pour montrer que le dernier s’est trompé, alors que dans les faits, les deux étaient sur la même longueur d’onde)  En fait, quand on lit attentivement et in extenso les textes de Vatican II, et qu'on les compare aux écrits des Papes de la fin du XIXe et début XXe, ainsi qu'aux Conciles de Trente et de Vatican I, on remarque qu'il y a une continuité et non une rupture comme on veut nous le faire croire. C'est la conclusion à laquelle ont abouti les dominicains tradis de Chémeré-le-Roi pour ne citer qu'eux. Je crois qu'un Père du Barroux s'est livré à la même tâche. Personnellement, pour avoir lu la plupart de tous ces textes, j'opte pour la deuxième hypothèse. Mgr Lefebvre a essayé de démontrer cette rupture dans le domaine de la liberté religieuse, mais quand tu lis ses arguments (je les ai dans mes archives), tu vois vite que ce sont des coups d’épée dans l’eau. Certes une lecture rapide des textes donne l’impression que ses arguments sont fondés, mais en creusant un peu il est relativement facile de déceler de nombreux sophismes.    

Avant d’aborder un point de ta liste, je veux juste préciser que je ne critique nullement Léon XIII que j’ai beaucoup lu et que j’admire (j’ai dans mon salon tous les Actes pontificaux de Benoît XV à Pie XI). Relis ce que je t’écrivais, je reprochais à un admirateur de Seignemont de traiter Léon XIII de « libéral », ce qui est le contraire de mon point de vue.

  Pour revenir à notre propos, il me semble important de rappeler à nouveau un lieu commun : il faut faire attention d’isoler une phrase de son contexte. Car lorsque qu’on oppose le passage de Vatican II : « Il faut connaître la mentalité des frères séparés... Peuvent y contribuer beaucoup de réunions mixtes, où, d’égal à égal, on traite en particulier de questions théologiques, pourvu que ceux qui y prennent part, sous la vigilance de leurs supérieurs, soient vraiment compétents » (Unitatis redintegratio) aux écrits de Pie XI, parlant des hérétiques : « Entre-temps, ils affirment qu'ils traiteront volontiers avec l'Eglise Romaine, mais à droits égaux, c'est-à-dire en égaux avec un égal... » (Mortalium Animos) la comparaison peut en effet sonner fausse à une oreille un peu trop pressée.   

Précisons tout d’abord que le décret au n°3 rappelle que les « frères séparés » ne jouissent pas, contrairement à l’Eglise Catholique, de l’unité voulue par Jésus, puis insiste ensuite sur le fait primordial qu’elle seule est le « moyen général de salut », et que par conséquent que toute la plénitude des moyens de salut ne s’obtiennent que par elle. On voit tout de suite que les Pères conciliaires ne tombent pas dans le relativisme. Tout ceci sera rappelé plus tard par le Cardinal Ratzinger dans Dominus Iesus (à lire absolument si ce n’est pas déjà fait).  Je me souviens, comme si c’était hier, du tollé provoqué par ce document dans le clergé progressiste de cette époque : «  il est fou, il met par terre 30 ans d’œcuménisme ! » Comme quoi chacun y va de sa sauce en matière d’unité des chrétiens.   Ce que ne dit pas ton passage, c’est le cadre de la citation. Le paragraphe situe le problème : « il faut connaître l’état d’esprit des frères séparés ». 

 Ceux qui vont traiter «  d’égal à égal », ce n’est pas le pape, ni les évêques (dont il est écrit qu’ils vont surveiller ces débats, dont le but est je le rappelle de mieux savoir à qui les catholiques ont à faire, comme en art de guerre il est recommandé de connaître son ennemi pour espérer le vaincre, même si ici il ne s’agit plus de guerre de religion), ni forcément des prêtres, ni même des théologiens, mais simplement « les catholiques dûment préparés ».  Ces catholiques peuvent donc être toi ou moi. Tu vois bien qu’ici on est loin du texte de Pie XI qui parle lui de l’Eglise Romaine, c’est-à-dire du Magistère. Il évoque d’ailleurs dans la phrase qui précède l’obéissance au « Vicaire de Jésus-Christ », ce qui montre que lui pense au débat entre Eglises et non entre fidèles.  

De plus il faudrait savoir de quoi il est question de traiter dans la phrase de Pie XI. Et là, encore, il faut faire l’effort d’aller chercher la réponse dans le texte lui-même. Je vais le faire pour nous deux.   Mon attention tombe en passant sur un passage qui te rappellera quelque chose que je t’ai dite avec mes mots dans un autre mail « Dans l'accomplissement ininterrompu de cette mission, l'Eglise pourra-t-elle manquer de force et d'efficacité, quand le Christ lui-même lui prête son assistance continuelle: " Voici que je suis avec vous, tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles " (Matth. XXVIII, 20) ?  Il est, par conséquent, impossible, non seulement que l'Eglise ne subsiste aujourd'hui et toujours, mais aussi qu'elle ne subsiste pas absolument la même qu'aux temps apostoliques; - à moins que nous ne voulions dire - à Dieu ne plaise ! - ou bien que le Christ Notre Seigneur a failli à son dessein ou bien qu'il s'est trompé quand il affirma que les portes de l'enfer ne prévaudraient jamais contre elle (Matth. XVI, 18). »   Pie XI se plaint avant tout de ceux qu’il nomme les panchrétiens qui cherchent à confédérer les églises chrétiennes.    

Ces gens «  ajoutent que l'Eglise, en elle-même, de sa nature, est divisée en parties, c'est-à-dire constituée de très nombreuses églises ou communautés particulières, encore séparées, qui, malgré quelques principes communs de doctrine, diffèrent pour tout le reste; que chaque église jouit de droits parfaitement identiques; que l'Eglise ne fut une et unique que tout au plus depuis l'âge apostolique jusqu'aux premiers conciles œcuméniques ».   J’espère que tu remarques à quel point on est loin du texte de Vatican II qui dit expressément l’inverse. (La Constitution Lumen Gentium parle également de «  l’unique Eglise du Christ que, dans le symbole nous reconnaissons comme une, sainte, catholique et apostolique, que notre Sauveur, après sa résurrection remit à Pierre pour qu’il la paisse, …elle enfin qu’il établit pour toujours comme « colonne et soutien de la vérité ». Le projet de ces panchrétiens est «  d'amener sans difficulté les peuples, malgré leurs divergences, religieuses, à une entente fraternelle sur la profession de certaines doctrines considérées comme un fondement commun de vie spirituelle. »  A aucun moment Vatican II ne demande l’abandon des points qui fâchent les protestants pour créer une nouvelle religion consensuelle.  Bon, j’arrête de t’embêter sur ce point en espérant t’avoir un peu aidé à démêler cet écheveau.     


-Merci pour tes réponses. J’avoue que là je décroche un peu. Nous ne sommes pas à armes égales… Mais comme tu le dis, nous demeurons frères dans la même Foi. Suite au prochain épisode. Profites bien de tes vacances.    


 -Les échanges de ces derniers jours m’ont fait plaisir et en plus me font du bien car ils m’obligent à réfléchir à ce en quoi je crois et à en rendre raison. J’espère que tout ceci ne t’a pas trop fatigué sachant que tu travailles demain. Je voulais juste m’assurer que tu ne prêtes pas trop l’oreille aux sirènes de l’intégrisme. Je dis ceci tout en comprenant que beaucoup de catholiques ne se soient plus retrouvés dans l’Eglise post-conciliaire, mais il n’en demeure pas moins que les déviances qui les ont fait fuir n’ont pas été préconisées par le Concile Vatican II. Les textes majeurs de celui-ci valent vraiment le coup d’être lus. Ils sont un condensé de toute la Tradition.   

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